Les dates sont le meilleur marqueur de la longévité. Romain Valadier-Picard, benjamin de l’équipe de France de judo et enthousiasmant médaillé de bronze continental des -60 kg vendredi 3 novembre à Montpellier, avait trois ans lorsque Axel Clerget honorait, en juniors, sa toute première sélection internationale. Près de deux décennies plus tard, le -90 kg est, à 36 ans, le doyen des 18 engagés tricolores sur ces championnats d’Europe 2023. Il est aussi le plus vieux médaillé en activité des tournois qui comptent sur le circuit masculin. Le secret de cet étirement des années de feu ? Une constance face à deux adversités, l’extérieure autant que l’intérieure.
Deux décennies à observer le judo muter en même temps que lui-même. A désinhiber ses ambitions comme à voir la saisie des jambes, un temps décomplexée, devenir brutalement prohibée. A intégrer le paradoxe de ces combats raccourcis sur le papier mais bien plus longs en réalité, avec ce recours croissant aux décorticages vidéo façon football US qui font parfois de l’arbitre central un ersatz de garde du corps de VIP, les lunettes fumées en moins mais le même doigt sur l’oreillette, les mêmes lèvres serrées et le même recours aux grands moulinets de bras pour compenser les mots.
Cueilli à froid
Parti en trombe – premier grand podium au Grand Chelem de Paris à 21 ans –, ce kiné de métier aura attendu la trentaine puis la paternité pour enchaîner coup sur coup une finale européenne en 2017, deux bronzes mondiaux en 2018 et 2019 et l’or olympiqu