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Libération
Le portrait

Charlie Dalin, Havre de paix

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Le navigateur normand est un architecte de formation, calme et structuré, qui a fini second du Vendée Globe et sera favori de la Transat Jacques-Vabre 2021.
Charlie Dalin à Concarneau, le 26 octobre. (Stéphane Lavoué/Libération)
publié le 4 novembre 2021 à 17h59

Il achevait la préparation de son voilier au large de la Bretagne, il a juste eu le temps d’échanger son ciré contre un veston, de sauter dans le TGV pour un aller-retour express. L’on se pose dans la première cafeteria venue gare Montparnasse, dont l’agencement riquiqui et dépouillé n’a rien à envier à celui d’Apivia, son bateau. Le marin stylé a l’allure du gendre idéal, le regard doux et une voix de basse feutrée. On est loin des gabiers génération années 80, trognes burinées, mains crevassées et carcasses lessivées par les embruns et UV à force de vivre sur le pont. Lors du Vendée Globe l’hiver dernier, le navigateur n’a que rarement mis le nez dehors, ayant conçu son habitacle fermé telle une huître, afin d’être protégé de la mer et du vent. Cette démarche, tout sauf instinctive, résume assez bien le côté cartésien de ce marin ayant «programmé» sa carrière. Il n’est pas genre à s’épancher sur la sauvagerie de ces foilers devenus invivables : «Oui, ils sont extrêmes, mais c’est à nous de trouver les solutions pour rendre la vitesse plus supportable.»

Né au Havre trois ans jour pour jour après l’accession de Mitterrand à l’Elysée, il découvre comme nombre de bambins, la voile en Optimist. Ses parents n’ont jamais mis les pieds sur un bateau. Lui n’est pas né une cuillère en argent dans la bouche. Sa mère a commencé à travailler à 14 ans. Un temps conductrice de bus, elle est assistante commerciale. Son père, tour-manager du groupe Noir Désir, embarque