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Bête-clic

Coupe de France de basket : après sa bévue à plusieurs millions d’euros, Betclic finit par payer ses parieurs

Plusieurs sites de paris sportifs avaient omis de prendre en compte une règle propre à la compétition au moment d’ajuster leurs cotes lors des 64e de finale, fin septembre. Contrairement aux parieurs, qui ont pu réaliser des gains importants.
Un match entre les équipes des Metropolitans 92 et de l'ASVEL, à Villeurbanne le 4 juin 2023. (Romain Biard/DPPI. AFP)
publié le 2 octobre 2024 à 11h19

C’est un point de détail du règlement qui coûte très cher. Après une semaine de mutisme et de polémique, Betclic a assuré dans un communiqué envoyé à l’Equipe mardi 1er octobre dans la soirée qu’il va valider «l’ensemble des paris […] à la suite de la publication officielle des résultats» de la Coupe de France de basket, tout en s’excusant pour la «confusion […] tout à fait exceptionnelle».

A l’origine de l’imbroglio, une spécificité du règlement propre à cette compétition mettant aux prises des clubs professionnels et amateurs. Afin de garantir une certaine équité entre deux équipes de niveau différent, la Fédération Française de Basket (FFBB), organisatrice de la compétition, a instauré un avantage de 7 points d’avance par division d’écart en faveur de la plus petite équipe. Cette «règle du handicap» faisait foi jusqu’en 2019, date de sa suspension. Avant qu’elle ne soit réintroduite cette saison à l’occasion des 64es de finale de la Coupe de France, qui se sont disputés entre les 23 et 25 septembre.

Un changement que les opérateurs de paris - outre Betclic, Parions Sport et la Française des Jeux sont aussi concernés - ont oublié de prendre en compte. Aiguisant l’appétit des parieurs : nombre d’entre eux, voyant l’aubaine en regardant les cotes des matchs, ont décidé de miser leur pécule sur le nombre de points d’une équipe à l’issue d’un quart-temps (une nouveauté depuis cette année) en anticipant ces handicaps. Selon l’Equipe, plusieurs centaines de milliers d’euros ont été placées au total sur une vingtaine de matchs de Coupe de France, pour des gains totaux estimés à plusieurs millions d’euros.

Betclic, par ailleurs sponsor-phare du championnat-phare de la Ligue Nationale de Basket, la «Pro A Betclic Elite», a d’abord tenté de justifier sa bévue en invoquant «l’application de ces nouvelles règles [qui n’a] pas été clairement communiquée par la Fédération Française de Basket (FFBB)», organisatrice du tournoi. Or les modifications étaient clairement écrites sur le site officiel de la Coupe de France.

«Aucune manipulation ou atteinte à l’intégrité des compétitions»

Egalement mise en cause par les sites à propos de soucis techniques dans la prise en compte de ces handicaps dans ses directs statistiques, la FFBB a reconnu les bugs mais ceux-ci n’avaient pas d’incidence sur les paris. La Fédération a en outre rejeté toute autre forme de responsabilité. «Il est apparu que le logiciel utilisé pour la prise des statistiques ne permettait pas d’intégrer les handicaps avant le début de la rencontre, contrairement à ce qu’affichaient les informations figurant sur les feuilles de marque officielles et dans les salles, explique la FFBB dans un communiqué. Les statisticiens ont donc procédé à ces ajouts de points selon des modalités et à des temps différents. Les statistiques ont été corrigées par la Fédération, sans influence sur les résultats», assurant qu’«aucune manipulation ou atteinte à l’intégrité des compétitions n’est à relever.»

Face à la furie des parieurs, Betclic avait d’abord décidé d’annuler les paris et de les rembourser. Mais s’estimant lésées, les parieurs menaçaient d’une action en justice afin de récupérer leurs gains. Dimanche, la FDJ avait décidé de remettre les gains aux concernés après avoir procédé à des vérifications. Laissant Betclic seul dans la polémique. Et mardi, un communiqué publié par l’Autorité nationale des jeux (ANJ), enfonçait le clou, en allant dans le même sens que les parieurs : «L’exécution des paris doit être réalisée au regard de la première annonce des résultats par la FFBB.» Ne laissant d’autre choix à Betclic que de finalement céder.