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Voile

Coupe de l’America : Archimède réveille-toi, ils sont devenus fous

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Peut-on encore appeler voiliers les bateaux néo-zélandais et italien qui s’affrontent dans la baie de la plus grande ville néo-zélandaise pour la 36e Coupe de l’America ? Comme les éditions précédentes, celle de cette année est marquée par la course à l’armement financier et technologique.
Le bateau de Luna Rossa en décembre à Auckland. (GILLES MARTIN-RAGET/AFP)
publié le 9 mars 2021 à 16h15

C’est un curieux engin ressemblant plus à un bobsleigh aux hanches généreuses qu’à un voilier à la silhouette élancée. Surtout, cette fusée nautique nommée AC 75 de seulement sept tonnes pour vingt-trois mètres, est dépourvue de quille, faisant fi de la théorie vélique qui prône un lourd appendice central en plomb permettant d’obtenir de la stabilité tout en limitant la gîte (inclinaison), presque aussi essentiel que des roues sur une voiture ou des ailes sur un avion. En lieu et place, cette savonnette qui peut chavirer à tout moment comme un vulgaire engin de plage, est équipée de foils lestés, sortes d’immenses moustaches à deux têtes pivotant des flancs. A chaque changement de bord, le bateau lève la patte tel un chien en train de pisser ou un motard doublant sur le périphérique. Les puristes ne jurant que par les «couloirs lestés» qui penchent, crient au loup, mais les accros de nouvelle technologie sont en extase. Et ils vont se régaler à l’occasion de la 36e coupe de l’America qui a démarré dans la nuit de mardi à mercredi en baie d’Auckland entre les Néo-Zélandais, tenants du titre, et les Italiens de Luna Rossa.

Aux Bermudes il y a quatre ans lors de la 35e Coupe, le challenger néo-zélandais étrille le defender américain sur un catamaran de quinze mètres mû par une aile rigide, mais qui ne l’a pas vraiment fait rêver. Le plus vieux trophée sportif du monde repart donc en Nouvelle-Zélande, où le rugby et la voile sont rois. L’une des particularités de la Cup, régulièr