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Mobilisation

Action pro-palestinienne sur le Tour de France : «On ne pouvait pas ne pas le tenter»

Depuis le début du Tour, la question palestinienne surgit régulièrement. Dans la Drôme, à Dieulefit, des militants ont fait jaillir drapeaux et banderoles à l’approche du peloton.
Ce mercredi, à Dieulefit. (Benoit Tessier/Reuters)
par Margaux Gable, envoyée spéciale sur le Tour
publié le 23 juillet 2025 à 18h21

17e étape, 58e kilomètre, il fallait tout de même plisser les yeux pour les apercevoir : à Dieulefit, dans la Drôme, une trentaine de drapeaux palestiniens ont flotté dans les airs à l’approche du peloton, ce mercredi 23 juillet. A l’initiative de l’association locale Les amis de la Palestine, l’information s’est ensuite répandue parmi les habitants, essentiellement par le bouche-à-oreille. «Affamer c’est tuer» ou «halte au génocide à Gaza», pouvait-on ainsi lire sur plusieurs banderoles déroulées depuis des balcons. «Monsieur Adams [milliardaire mécène de l’équipe Israël Premier-Tech, ndlr] porte-parole d’une armée génocidaire», s’est époumoné un militant dans un haut-parleur. En plus des deux lieux au cœur du village, une action a été menée en haut du col du Pertuis, toujours sans intervention policière.

«La réalité est sous nos yeux. Il y a un massacre d’une population, qui se fait dans des conditions inhumaines, et le conflit n’avance pas», confie la conseillère municipale Vanessa Huguenin, alors quand on a su que le Tour de France passait par là, on s’est dit qu’on ne pouvait pas ne pas le tenter». Le bourg de 3 000 habitants - bastion de gauche dans un département grignoté par le RN, où le NFP a fait plus de 73 % lors du second tour des législatives anticipées en juillet 2024 - est «un village de justes, terre d’accueil pour toute personne où l’implication citoyenne a toujours été importante», précise-t-elle.

«J’ai des pétards pour faire diversion si jamais»

Ça et là en bord de route, des drapeaux palestiniens ont été placardés sur les portails. Depuis le début du conflit, la question génère des tensions à Dieulefit et plusieurs ont été arrachés ou visés par des jets d’œufs. «Des raccourcis sont faits mais on ne veut pas de mal à la population juive», tient à préciser Vanessa Huguenin, petite-fille de résistants. Dans le cadre de l’action de ce mercredi, plusieurs médiateurs avaient été contactés afin d’intervenir si la situation dégénérait - ce qui n’a pas été le cas. «Et j’ai des pétards pour faire diversion si jamais», riait Jean-Paul, son conjoint, la main sur ses deux joujoux, avant le passage des coureurs.

Depuis le départ du Tour le 5 juillet, la question palestinienne surgit régulièrement. A Toulouse, un jeune homme avait enjambé les barrières pour sprinter avec le peloton, un t-shirt «Israël out of the Tour» sur le dos et un keffieh à la main, avant de se faire expulser par un responsable d’Amaury Sport Organisation (ASO) l’entreprise qui organise le Tour. Sur le bitume, les soutiens à Gaza sont également nombreux. Si les messages politiques et obscènes sont recouverts de peinture blanche avant l’arrivée des coureurs et des caméras, Libération, qui a sillonné les routes de la 16e étape à bord de la caravane publicitaire, a pu noter qu’«Israël hors du tour» et «free Palestine» figurent parmi les slogans les plus récurrents.