Le Tour a traversé ce lundi 3 juillet la frontière entre le Pays basque espagnol et la France à Hendaye, très calmement, gorgé d’air salin après une escapade sur la côte, depuis Amorebieta-Etxano et vers Bayonne. Comme lors des deux étapes précédentes, entièrement déroulées dans le Pays basque espagnol, les bords de route n’ont rien révélé d’inhabituel. Rien, en tout cas, qui rappelle le contexte français, marqué par les violences urbaines dans le sillage de la mort de Nahel, le mardi 27 juin à Nanterre. En sera-t-il toujours ainsi ?
Les organisateurs ont communiqué ces derniers jours, par les voix du directeur de course, Christian Prudhomme («Nous sommes en lien constant avec les services de l’Etat, comme chaque année, et on suit la situation avec une grande attention»), et de son adjoint, Pierre-Yves Thouault («Le Tour est très imaginatif, il se passe toujours des choses. Il y a parfois des menaces, des risques routiers, et là il y a des événements. On suit [les violences] de près, on est en lien permanent avec les autorités à qui je parle matin, midi et soir, avec le ministère de l’Intérieur et les officiers de liaison qu’on a sur le Tour, avec les préfectures également», à l’Equipe ce lundi). Ils n’allaient pas dire autre chose. Seules les deux guerres mondiales ont stoppé la grande marche du Tour, qui a même survécu au Covid en 2020, simplement reporté à septembre quand maints événements sportifs ont dû annuler ou rebrousser chemin plus loin (les Jeux olympiques et l’Euro de football, par exemple, ont été décalés à l’été suivant).
28 000 forces de l’ordre mobilisées
Principale interrogation, la mobilisation des forces de l’ordre qui, si elles sécurisent les routes durant la course, ne sont pas dédiées à autre chose. Sur les trois semaines que dure l’épreuve, le Tour rassemble 28 000 gendarmes, policiers et pompiers, dont une majorité de gendarmes. Une escouade de 300 personnes, composée de la Garde républicaine, de CRS, gendarmes mobiles et de policiers est aussi détachée de façon permanente. A l’issue de l’épreuve, le ministère de l’Intérieur envoie la facture à l’organisateur, Amaury Sport Organisation (ASO).
L’année passée, les actions menées par les militants écologistes de Dernière Rénovation ont rappelé que même avec une flotte aussi conséquente, la sécurisation tout au long d’étapes longues de 180 kilomètres ou plus relève de l’impossible. Surtout, au déroulement de la course la journée, se succède les nuits en ville de la caravane.
Reportage
Interrogés ces derniers jours, plusieurs coureurs et membres d’équipe n’ont pas montré une quelconque crainte d’une perturbation de l’épreuve. «On en parle à table entre coureurs. On trouve ça un peu fou de l’extérieur, on voit des scènes qu’on ne pensait pas voir en France un jour», indique par exemple Benoît Cosnefroy (AG2R-Citroën), qui a «confiance dans ASO» pour assurer la sécurité du peloton. «Le Tour, c’est une belle organisation, il n’y a pas trop de crainte pour l’instant», estime aussi Matis Louvel, d’Arkéa-Samsic. Après Bayonne, où le Belge Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) l’a emporté, la quatrième étape se tiendra entre Dax et Nougaro. Le Tour s’enfoncera ensuite dans les Pyrénées avant d’atteindre Bordeaux, vendredi.