On a longtemps cru que le premier grand succès d’un coureur noir africain dans l’élite du cyclisme mondial serait le fait d’un grimpeur. Les Erythréens Daniel Teklehaimanot et Natnael Berhane ont joué les premiers de cordée, voilà quelques années. Le mouvement s’est ralenti, sous l’effet notamment du retrait de l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka, qui ambitionnait en 2015 de faire monter un coureur africain sur le podium du Tour de France. C’est finalement dans le cœur culturel du cyclisme européen, dans la Flandre belge, qu’est advenue la grande première.
L’Erythréen Biniam Girmay, 21 ans, a raflé ce dimanche la prestigieuse classique Gand-Wevelgem, devançant une concurrence franco-belge. C’est dans un sprint réduit que la pépite de l’équipe belge Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux s’est imposée, devançant le tricolore Christophe Laporte (Jumbo-Visma) et le Belge Dries Van Gestel (TotalEnergies). Le voici donc auréolé du titre de premier coureur noir africain à avoir remporté une course d’un jour World Tour, le plus haut niveau du cyclisme mondial. Un titre qui symbolise l’ascension de l’Afrique dans ce sport, continent qui accueillera d’ailleurs ses premiers championnats du monde; au Rwanda, en 2025.
Cette victoire vient aussi couronner un début de saison tonitruant, qui avait déjà vu Biniam Girmay lever les bras fin janvier en Espagne, lors du Trofeo Alcúdia - Port d’Alcúdia, ou signer plusieurs places d’honneur sur Paris-Nice au début du mois de mars. Interrogé par la télévision belge sur d’éventuelles ambitions, le week-end prochain, sur le Tour des Flandres, le coureur a assuré qu’il allait désormais rentrer en Erythrée après avoir passé trois mois en Europe. «Ma femme me manque», justifie Girmay, qui donne rendez-vous sur le Tour d’Italie, début mai. Nul doute qu’il y sera particulièrement observé.