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#MeToo

Le cycliste Bradley Wiggins raconte avoir été victime d’une agression sexuelle à l’adolescence

Violences sexuellesdossier
Dans un long entretien accordé au magazine «Men’s Health UK», l’ancien coureur britannique multimédaillé révèle avoir été abusé sexuellement quand il avait 13 ans.
L'ancien cycliste Bradley Wiggins, le 3 mars à Newport, au Royaume-Uni. (Zac Goodwin/PA Photos.Abaca)
publié le 20 avril 2022 à 13h29

Il y a encore quelques années, Bradley Wiggins levait régulièrement les bras au ciel, habitué aux podiums et aux clameurs. Le cycliste a remporté le Tour de France 2012, conquis cinq fois le titre olympique, soulevé des trophées par dizaines – à ce jour, il est le Britannique le plus titré de l’histoire des JO. Mais dans une interview accordée au magazine masculin Men’s Health UK publiée ce mercredi puis reprise dans l’Equipe, l’homme se raconte autrement. Il y parle de ses blessures de jeunesse, de sa longue dépression et, pour la première fois, il révèle avoir été agressé sexuellement par un entraîneur. «Quand j’avais environ 13 ans, j’ai été sexuellement abusé par un entraîneur et je ne l’ai jamais complètement digéré», confie-t-il. A l’époque des faits, il se tait. «Enterre» le choc. Il ne se sent pas capable d’en parler.

Désamour pour le cyclisme

Son enfance n’est guère plus heureuse. A la maison, son beau-père le martyrise. Il le traite de «tapette» parce qu’il porte des «trucs en Lycra». «Il était assez violent avec moi […]. Je ne pensais pas pouvoir lui en parler», ajoute-t-il. Il veut partir, «sortir de cet environnement», choisit le vélo comme refuge.

Son père, le cycliste australien Gary Wiggins, a quitté très tôt la maison. Il le rencontre «pour la première fois» quand il souffle ses 18 bougies. Tous les deux essaient alors de «rétablir une sorte de relation», mais Gary Wiggins meurt en 2008 dans une bagarre alors que son fils a 28 ans. Longtemps, Bradley Wiggins a «essayé de comprendre sa relation avec son père», relate l’Equipe. «C’était mon héros. Je voulais lui prouver des choses. C’était un talent gâché, alcoolique, maniacodépressif, assez violent, et il prenait beaucoup d’amphétamines à l’époque», poursuit le coureur britannique, aujourd’hui consultant pour Eurosport.

Il évoque également sa carrière. Et revient sur 2012, au moment où il remporte l’or olympique à Londres, sur ses terres, lors du contre-la-montre. Bradley Wiggins cesse alors d’aimer le cyclisme professionnel. «Après ça, ma vie n’a plus jamais été la même, raconte-t-il. J’ai été plongé dans cette célébrité, cette adulation qui accompagnent le succès alors que je suis une personne introvertie et privée. Je ne savais pas qui «moi» étais, alors j’ai adopté une sorte de voile – un voile de rock star. Ce n’était pas vraiment moi… C’était probablement la période la plus malheureuse de ma vie.»

Depuis, l’ancien cycliste de 41 ans essaie de se reconstruire, luttant contre ses démons grâce à une routine rigoureuse : «S’entraîner tous les jours, c’est important. Ne pas trop boire…» détaille-t-il, avant d’avouer : «Avec ma dépression, alors que j’essaie d’être drôle, je finis par être choquant et controversé.»