Les championnats du monde de cyclisme sur piste, qui ont animé le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines quatre jours durant avant de s’achever ce dimanche, faisaient figure de grande répétition avant les Jeux olympiques de Paris. D’abord parce que ces Mondiaux se déroulaient dans l’arène retenue pour les futures olympiades, ensuite parce que lesdites olympiades se tiennent dans moins de deux ans. De quoi ajouter un supplément de pression pour une équipe de France très attendue à domicile.
Le test a été passé brillamment et bruyamment, dans une enceinte régulièrement réveillée par les performances bleues. Avec sept breloques, dont trois en or et trois en argent, la France termine troisième nation au tableau des médailles, devancée par les Pays-Bas et l’Italie et à égalité avec l’Allemagne. Soit son meilleur résultat depuis 2017 et un véritable rebond au regard des JO de Tokyo : deux petites médailles de bronze y avaient été glanées.
Pour incarner ce renouveau, il y a d’abord deux jeunes femmes : Mathilde Gros, 23 ans, qui a remporté l’épreuve reine de la vitesse vendredi soir, et Marie-Divine Kouamé, 20 ans seulement, qui s’est adjugé le 500 m samedi. Elles succèdent toutes deux à la grande Félicia Ballanger, la dernière à avoir apporté à la France des titres mondiaux dans ces disciplines en… 1999. «Quand je me dis que je suis championne du monde, je n’y crois toujours pas trop, soufflait Mathilde Gros ce dimanche, à l’issue de l’épreuve de keirin où elle a terminé 4e. C’est une très bonne semaine pour toute l’équipe de France. Un public comme ça, c’est rare, il nous a donné des ailes et je leur dis : rendez-vous dans deux ans.»
Une réorganisation il y a un an
Les deux Bleues ont été rejointes par un duo masculin, qui s’est lui aussi paré du maillot arc-en-ciel de champion du monde : Benjamin Thomas et Donavan Grondin, qui ont remporté ce dimanche après-midi l’épreuve de l’américaine. Soit une course très spectaculaire, où les coureurs se serrent la main à tour de rôle pour se passer des relais et marquer des points lors de sprints réguliers. Mais aussi lorsqu’ils parviennent à mettre un tour de vélodrome dans la vue de leurs concurrents, ce que le tandem est parvenu à réaliser, particulièrement grâce à un Benjamin Thomas en grande forme, à l’image de sa saison sur route au sein de l’équipe Cofidis.
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A ces médailles d’or s’ajoutent de belles deuxièmes places : celles de Melvin Landerneau sur le kilomètre, Benjamin Thomas, encore lui, à l’omnium et le tandem Clara Copponi-Valentine Fortin sur l’américaine, surclassées en toute fin de course par des Belges longtemps distancées mais qui ont réussi à leur prendre un tour de vélodrome. Le bronze en poursuite par équipes femmes, avec Marion Borras et Victoire Berteau, complète la moisson. Au rayon des déceptions, Sébastien Vigier et Rayan Helal en sprint masculin ont raté leur tournoi.
Au vu de ce bilan, la Fédération française de cyclisme peut se féliciter d’avoir tout réorganisé en faisant revenir, il y a un an, le triple champion olympique Florian Rousseau comme directeur du programme olympique. Il a été rejoint en mars par Grégory Baugé, autre figure de la piste française, devenu entraîneur national du sprint. En arrivant, Forian Rousseau a impulsé une réorganisation avec des entraîneurs désormais «focalisés uniquement sur la préparation des équipes de France A», renforcé la cellule performance et mis l’accent sur «la dimension mentale à la performance», avec le recours à des psychologues pour apprendre à gérer la pression. «C’est ça aussi préparer les Jeux», insistait Florian Rousseau avant le début des Mondiaux. Les fruits se récoltent déjà.