Même si la course ne va plus de Paris à Roubaix depuis longtemps et que les pavés y sont récurés par des lycéens en horticulture, la classique nordiste continue de fasciner le monde entier depuis la fin du XIXe siècle. Après l’annulation de 2020 et le report à l’automne de la saison dernière, «l’enfer du Nord» revient ce dimanche de printemps pour une 119e édition, décalé d’une semaine, premier tour de la présidentielle française oblige. Il y a près d’un quart de siècle, Mario Cipollini, serial winner d’étapes sur les grands tours, et coursier d’un autre âge, avait coutume de dire : «Paris-Roubaix, c’est une course de bêtes et à la fin, c’est le plus macho qui gagne.» Peut-être parce qu’il ne l’a jamais domptée et qu’on veut toujours ce qu’on n’a pas, l’Italien en est resté à l’écart en dépit d’un physique de malabar gominé (1,89 m, 78 kg), propice à l’emploi.
Portrait de 2006
A l’inverse, Patrick Lefevere, modeste coureur dans les années 70, autodidacte grandi dans un cimetière de voitures à la frontière belgo-française, comptable à mi-temps quand la situation l’exigeait, en a appris tous les rudiments. A sa façon, empirique et implacable. Le gars de Moorslede, en Flandre-Occidentale, a d’abord appris à gagner avec la Mapei, la grande équipe transalpine des années 90 (Ballerini, Museeuw, Tafi) avant de créer sa propre crémerie – Quick-Step et ses déclinaisons – au tournant du siècle et de perpétuer la tradition du succès de sa formation (Boonen quatre fois, Terpstra, Gilbert).