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Cyclisme

Primoz Roglic remporte sa quatrième Vuelta en ibère spécialiste

Le Slovène a conjuré sa malchance récurrente et remporté à nouveau son épreuve fétiche, le Tour d’Espagne, ce dimanche 8 septembre. Un exploit qui révèle paradoxalement les limites d’un coureur qui ne semble plus en mesure de remporter le Tour de France.
Primoz Roglic au sommet du Picon Blanco, samedi. (Ander Gillenea/AFP)
publié le 8 septembre 2024 à 19h39

Et à la fin, c’est Primoz Roglic qui gagne en Espagne. Au terme d’un ultime contre-la-montre dans les rues de Madrid, le coureur slovène de la Red Bull-Bora-Hansgrohe a remporté, ce dimanche 8 septembre, la Vuelta pour la quatrième fois de sa carrière. Il s’était déjà paré du maillot rouge en 2019 et 2020 dans la capitale espagnole et en 2021 lors d’une arrivée délocalisée à Saint-Jacques de Compostelle. Le grimpeur de 34 ans devient au passage corecordman du nombre de victoires sur le Tour d’Espagne avec Roberto Heras. L’Espagnol avait perdu le bénéfice de son dernier titre après un contrôle positif la veille de l’arrivée, en 2005, mais l’a retrouvé sept ans plus tard devant les tribunaux, car ainsi va parfois le vélo.

Primoz Roglic n’a pas construit ce dernier succès tout à fait comme les fois précédentes. Moins dominateur, le Slovène a même laissé pendant longtemps les commandes de la course à Ben O’Connor (Decathlon AG2R La Mondiale), tout heureux d’avoir récupéré le manche à la faveur d’une échappée fleuve lors de la 6e étape. Etait-ce vraiment sérieux de laisser près de cinq minutes d’avance à l’Australien, qui a déjà fait 4e du Tour de France (en 2021) et 4e du Giro cette année ? Cela a en tout cas permis à l’équipe de Roglic de ne pas assumer le poids de la course pendant sa majeure partie, le Slovène ne récupérant son bien que vendredi, au milieu des pins de l’Alto de Moncalvillo, l’avant-veille de l’arrivée. Et à Ben O’Connor de terminer à la 2e place. L’Espagnol Enric Mas (Movistar) complète le podium. Le premier Français, David Gaudu (Groupama-FDJ), signe une 6e place en forme de renaissance, après une année très décevante.

Performance maousse

Salvador Dali en cuissard, Primoz Roglic a une nouvelle fois su faire fondre les horloges. Et déjouer, une fois n’est pas coutume, sa légendaire scoumoune. Ici point de chute comme celle qui lui a fait quitter prématurément, cette année encore, le Tour de France et qui l’amenait en Espagne nimbé d’un halo d’incertitude. Point de maladie non plus, presque un miracle alors que le Covid a une nouvelle fois pointé son écouvillon sur la course, dégommant João Almeida (UAE Team Emirates), l’un des favoris, à l’orée de la deuxième semaine. Jusqu’à la veille de l’arrivée, Primoz Roglic a semblé pouvoir être rattrapé par le mauvais œil. Samedi, on a vu la moitié de son équipe s’évaporer (trois abandons) après une intoxication alimentaire, la télé publique espagnole annonçant même qu’un membre du staff avait dû être hospitalisé en urgence pour salmonellose. Mais Primoz la Déveine était toujours là.

Qu’on ne s’y trompe pas : remporter quatre fois la Vuelta, c’est une performance maousse. Mais paradoxalement, elle raconte aussi, en creux, la limite du Slovène. Roglic a remporté presque toutes les courses d’une semaine qui comptent (Paris-Nice, Tirreno-Adriatico, Dauphiné, Tour du Pays basque, Romandie…) et a levé les bras sur le Giro l’an passé – malgré un improbable saut de chaîne lors du dernier chrono. Mais il n’a jamais réussi à s’adjuger le Tour de France. La fois où il s’en est le plus approché, en 2020, il s’est fait renverser l’avant-dernier jour par un jeune compatriote nommé Tadej Pogacar. Quelques semaines plus tard, Roglic s’en allait remporter sa deuxième Vuelta. Ses victoires sur le Tour d’Espagne racontent un peu ça : une sorte d’éternel lot de consolation, quand les autres n’y sont pas (l’an dernier, Vingegaard s’est pointé, Roglic a terminé troisième derrière le Danois et leur coéquipier Kuss). A bientôt 35 ans et vu l’adversité sur la Grande Boucle, le maillot jaune risque de demeurer le plus grand regret de l’ancien sauteur à ski. Heureusement, il lui reste la quête d’un quintuplé inédit sur la Vuelta.