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Sur le Giro, Rémi Cavagna rêve en rose

Le spécialiste du contre-la-montre s’élance lors du Tour d’Italie ce samedi avec la casquette d’homme à battre. L’Auvergnat espère être le premier Français à revêtir le maillot rose de leader depuis Laurent Jalabert en 1999.
Rémi Cavagna à Fribourg lors du tour de Romandie, le 2 mai. (Fabrice Coffrini/AFP)
par Alexis Czaja
publié le 8 mai 2021 à 8h31

Il est habité par un goût de reviens-y. Rémi Cavagna s’avance vers la première étape du Giro 2021, ce samedi, avec une obsession : gagner. Le cycliste français s’est imposé dimanche 2 mai lors du contre-la-montre final du Tour de Romandie. Sa première victoire dans la spécialité sur le World Tour, l’élite mondiale. Une performance de référence dans sa jeune carrière, et peut-être le déclic tant attendu. Le coureur de la formation belge Deceuninck-Quick Step a longtemps tourné autour. Vice-champion d’Europe du chrono derrière Stefan Küng, en août 2020 à Plouay, puis deuxième sur les contre-la-montre de Paris-Nice et du Tour de Catalogne en mars, il entend désormais durer au sommet de la hiérarchie. A 25 ans, il guette avec appétit le chrono de 8,6 kilomètres dans les rues de Turin, pour ce premier grand Tour de la saison. «C’est roulant, pas trop technique, avec de grandes lignes droites. Ça correspond à mes qualités.»

«Il progresse en continu»

Une confiance en soi que l’Auvergnat trimballe avec lui depuis ses premiers coups de pédale. «C’est avant tout une force de caractère. Mentalement il est très fort, il ne tergiverse pas», explique Frédéric Champion, président du Vélo Club riomois où a débuté le coureur à l’âge de 16 ans. A l’époque, le gamin de Clermont-Ferrand se distingue surtout par des qualités physiques impressionnantes. «Il n’avait que quelques mois de vélo dans les jambes, pourtant il développait une puissance supérieure à celle de nombreux coureurs professionnels. Là, on a compris son énorme potentiel», raconte Aurélien Poyet, l’un de ses premiers entraîneurs. Des attributs notamment développés sur les pistes d’athlétisme, où le collégien suit les traces de sa mère multiple championne d’Auvergne de course à pied, qui lui permettent de briller sur les chronos, spécialité exigeante sur le plan physique. «Il avait très tôt des capacités hors normes en contre-la-montre. Mais on voyait qu’il avait une grande marge de progression au niveau tactique et de la gestion de l’effort», se souvient Pierre Delcourt, ancien président du Vélo Club Cournon d’Auvergne que le jeune cycliste a rejoint en 2012.

L’adolescent un peu «bourrin» est un joyau à façonner. Au prix d’efforts pour améliorer sa concentration et optimiser ses placements en course, il va devenir en quelques années l’un des plus grands espoirs de la discipline. «Il a fallu de la patience. C’est quelqu’un qui a besoin de temps pour assimiler les conseils. Mais il progresse en continu et on ne voit pas ses limites», s’amuse Aurélien Poyet. Une progression par étapes qui a mené Rémi Cavagna à la conquête de deux titres de champion de France espoirs en 2015 et 2016, avant de décrocher le maillot bleu-blanc-rouge en élite lors du contre-la-montre de Grand-Champ le 21 août 2020. «J’ai été surpris de la rapidité avec laquelle il a atteint le très haut niveau», reconnaît Frédéric Champion.

«Finir deuxième serait une déception»

Une percée parmi les meilleurs coureurs au monde qui ne l’empêche pas de conserver un solide lien avec les clubs de ses débuts. «Il a toujours témoigné une grande reconnaissance vis-à-vis de ses progrès réalisés au sein du club. Il y a chez lui une volonté de transmettre sa passion auprès des jeunes. J’apprécie sa disponibilité et sa simplicité», souligne Pascale Dupré, présidente du VC Cournon-d’Auvergne, où le coureur est encore licencié.

A l’aube de sa seconde participation au Tour d’Italie, Rémi Cavagna semble prêt à franchir un palier supplémentaire. «Porter le maillot rose serait quelque chose de magique. Ce serait une nouvelle étape dans ma carrière», assure-t-il. Pour devenir le premier coureur français à endosser la tunique de leader depuis Laurent Jalabert en 1999, l’Auvergnat devra devancer de sérieux concurrents. En premier lieu, le local et champion du monde de la spécialité Filippo Ganna. «Finir deuxième serait une déception, assume Cavagna. Je passerais à côté de quelque chose de grand…»