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Libération
Reportage

Sur le premier Paris-Roubaix féminin : «Je voulais mon bain de boue»

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Chutes à tout-va, visages décomposés par la souffrance… «Libé» a suivi les coureuses du Stade rochelais, qui ont vécu, pour la première fois, l’enfer du Nord tel qu’il est mythifié.
Au départ de la course à Denain (Nord), samedi. (Stéphane Dubromel/Hans Lucas.Libération)
publié le 3 octobre 2021 à 11h29

Le Paris-Roubaix de Marion Colard s’est terminé au bout d’un chemin de pavés, près d’un champ brûlé où l’on cultive la patate «pour McCain», selon un local. Sa selle de vélo dans ses mains, disloquée par le cahot des pierres. Sous un ciel lavasse, sur une terre humide qui reste sur les doigts comme du chocolat. Une heure auparavant, la coureuse du Stade rochelais riait en montrant ses ongles vernis d’un noir pailleté et ses lunettes roses pour affronter l’enfer du Nord. Désormais, son visage est gonflé de cernes violacés, secoué de chagrin.

La première édition féminine de la reine des classiques s’est tenue samedi. Une plongée dans l’inconnu pour un peloton de femmes qui n’avaient expérimenté la course monument qu’au travers de leur télévision et des recueils contant les exploits d’hommes. L’épreuve, qui se tient habituellement le deuxième week-end d’avril, a été repoussée en octobre pour des raisons sanitaires. 116 kilomètres, dont 29 sur des routes pavées, réparties sur 17 secteurs. A l’arrivée : Paris-Roubaix comme Paris-Roubaix. Violent et chaotique. Une procession boiteuse, tout du long, fracassée par les glissades. Des chutes qui peinturlurent les corps et plient les visages en quatre. Des larmes bourbeuses qui coulent à flots. Une coureuse française voi