Marc Soler pédale. Il est seul, entre Carcassonne et l’Ariège. On ne sait pas ce qu’a exactement le coureur de 28 ans. Il est malade : une indigestion, un coup de chaleur ? L’Espagnol a été lâché par le peloton, et il perd, minute après minute, un temps précieux. Personne ne l’attend. C’est un équipier du Slovène Tadej Pogacar chez UAE Team Emirates, pas un leader. Son rôle est d’aider, pas de l’être.
Arrivera-t-il à temps pour ne pas être éliminé lors de cette première étape pyrénéenne ? Dans les «délais» comme on dit dans le cyclisme ? Il pourrait s’arrêter, lancer son vélo dans un fossé, renoncer. Qui lui en voudrait ? La chaleur dévore le peloton et la caravane depuis plusieurs jours maintenant. Certains organismes craquent. Humains. Face à ce chemin de croix, il est normal de perdre la foi. A son côté, son directeur sportif l’encourage, au volant de sa voiture. Autrefois, un jour de moins bien, il aurait pu s’y accrocher discrètement. Aujourd’hui, les commissaires de course le surveillent, les caméras le filment. Marc Soler pédale, et il est seul.
Caché par son casque et ses lunettes de soleil, on distingue à peine son visage ; il a l’air un peu blanc, sans plus, mais on sait qu’il souffre. Il va au bout de lui-même. Comme dimanche, Michael Morkov, largué dans la pampa et