Ceci est encore une descente de police. Le Tour de France n’a pas encore commencé que l’équipe Bahrain-Victorious collectionne déjà les péripéties. Non pas les victoires d’étapes ni les abandons de coureurs mais les perquisitions policières. Ce jeudi matin, à la veille du grand départ à Copenhague, l’hôtel occupé par la formation bahreïnie a été fouillé par la police danoise. Une nouvelle descente qui intervient trois jours après de précédentes perquisitions, dans le cadre d’une enquête française autour de soupçons de dopage.
Comme lundi, c’est l’équipe elle-même qui révèle cette opération policière par voie de communiqué. «L’hôtel de l’équipe Bahrain-Victorious a été fouillé par la police danoise, sur requête du parquet français, ce matin à 5 h 30», annonce la formation bahreïnie. «Les officiers ont fouillé tous les véhicules de l’équipe, toutes les chambres des coureurs et des membres de l’encadrement. L’équipe a répondu à toutes les demandes des officiers et la perquisition s’est terminée deux heures après avoir commencé. » Plus tard dans la matinée, la police danoise a confirmé officiellement cette perquisition dans l’hôtel situé à Bröndby, «sur la base d’une commission rogatoire à la demande des autorités françaises».
Enquête pour «infractions à la législation sur le dopage et sur les substances vénéneuses»
Cette nouvelle descente survient trois jours après des perquisitions menées aux domiciles de différents coureurs et membres du staff de Bahrain Victorious. D’après le site espagnol Ciclo21, elles ont été menées par Europol, l’agence européenne de police criminelle, en Slovénie, en Pologne et en Espagne et ont notamment visé le manager général de l’équipe, Milan Erzen, mais aussi le médecin polonais Piotr Kosielski et le physothérapeute français Barnabé Moulin. Des perquisitions qui «sont la continuation du processus d’enquête qui a commencé pendant les performances de l’équipe au Tour de France de l’année dernière», écrivait l’équipe Bahrain-Victorious dans un communiqué lundi.
Le 15 juillet dernier, à la veille de la 18e étape du Tour de France, la formation avait vu son hôtel fouillé à Pau (Pyrénées-Atlantiques). Cette perquisition avait été menée par les gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte douze jours plus tôt par le parquet de Marseille «des chefs d’acquisition, transport, détention, importation d’une substance ou méthode interdite aux fins d’usage par un sportif sans justification médicale».
Le parquet de Marseille a apporté des précisions, jeudi soir, par voie de communiqué. «Entre le 27 et le 30 juin 2022, dans le cadre d’une enquête pénale ouverte au parquet de Marseille des chefs d’infractions à la législation sur le dopage et sur les substances vénéneuses, […] une action de coopération judiciaire et policière internationale a été menée conjointement en Italie, Espagne, Belgique, Pologne, Slovénie, Croatie et Danemark.» L’instance précise que les perquisitions ont été menées au domicile du «manager, de trois coureurs, de l’ostéopathe et d’un médecin de l’équipe cycliste professionnelle Bahrain-Victorious, ainsi qu’au siège social de la société Winning SRL, propriétaire de l’équipe. Une perquisition des chambres d’hôtel occupées par les membres de l’équipe cycliste à Copenhague a également été réalisée ce jour.»
Contrairement à ce qu’assurait l’équipe, qui arguait qu’aucun objet n’avait été emporté par les policiers, le parquet annonce que «lors de ces perquisitions, du matériel électronique (téléphones, ordinateurs, disques durs) et des médicaments dont la nature et l’origine restent indéterminées ou dont la délivrance est soumise à prescription ont été saisis. L’ensemble de ces saisies fera l’objet d’analyses et d’exploitations ultérieures.»
«Nous dormons comme des bébés et travaillons comme des chevaux»
Suite à la perquisition opérée à Pau pendant la dernière semaine du Tour de France 2021, des fuites avaient révélé en octobre dernier que des traces de tizanidine, un puissant relaxant musculaire utilisé contre la sclérose en plaques (mais non interdit par la réglementation antidopage), avaient été trouvées dans les analyses capillaires de plusieurs coureurs. L’équipe bahreïnie avait démenti avoir été informée et le laboratoire n’avait pas confirmé les identités. Cette année, le Slovène Matej Mohoric, le Belge Dylan Teuns, le Britannique Fred Wright et l’Australien Jack Haig, lequel avait abandonné bien avant Pau, sont les seuls coureurs de la formation prévue sur le Tour 2022, déjà présents lors de l’édition précédente.
Interrogé mercredi par le site VeloNews, Vladimir Miholjevic, le manager de la performance de l’équipe Bahrain-Victorious, assurait que «les perquisitions se sont bien passées» et que l’équipe était «plus confiante que jamais». Pour illustrer que sa formation était aussi sereine que concentrée sur la course, Miholjevic a eu cette formule étonnante : «nous dormons comme des bébés et travaillons comme des chevaux». Un réveil à 5 h 30 du matin, c’est en effet le lot de certains nourrissons.
Mis à jour vendredi 1er juillet à 8 heures : avec les précisions du parquet de Marseille.