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Cyclisme

Tour de France 2022 : ruée vers l’Est pour les femmes, descente depuis le grand Nord pour les hommes

Les parcours des prochains Tour de France féminin et masculin ont été dévoilés ce jeudi matin. Au programme : du dénivelé, des pavés, le Danemark et la Suisse.
Christian Prudhomme lors de sa présentation du parcours du Tour de France masculin, ce jeudi midi. (Thibault Camus/AP)
publié le 14 octobre 2021 à 16h04

Alors que la saison de cyclisme professionnel touche à son crépuscule - elle s’achèvera la première semaine de novembre avec le Tour du Faso - il est un événement qui, chaque automne, tient en haleine les suiveurs déjà en manque : la présentation du parcours du prochain Tour de France. Après des semaines de spéculations, de recoupements de bouts d’infos parues dans la presse locale, d’interprétation des réservations hôtelières dans tel patelin ou de la réfection de la chaussée par tel conseil départemental, le tracé de la prochaine Grande Boucle a été officiellement dévoilé ce jeudi midi. Ou plutôt les tracés, puisque 2022 verra le grand retour du Tour de France féminin, sur un format de huit jours contre trois semaines pour les hommes.

Symboliquement, c’est ce premier parcours qui a été présenté par Amaury Sports Organisation (ASO), quand bien même les femmes courront après les hommes. Le peloton féminin s’élancera de la Tour Eiffel le dimanche de l’arrivée de son homologue masculin aux Champs-Elysées, «pour bénéficier d’une caisse de résonnance médiatique, alors que tous les journalistes seront à Paris», assume Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France. Les femmes se disputeront la première étape sur un circuit dans la capitale avec, pour elles aussi, une probable arrivée au sprint sous le regard de l’Arc de Triomphe. Et après ?

Après, ce sera beaucoup de plat. D’abord dans les champs de betteraves entre Meaux et Provins, pour une étape 100% seine-et-marnaise et probablement un peu ennuyeuse. Puis vers Epernay, avec quelques raidards au programme, dont la côte de Mutigny (900m à 12,1%), qui servit de rampe de lancement vers le premier maillot jaune de Julian Alaphilippe en 2019. La quatrième étape, entre Troyes et Bar-sur-Aube, ne sera pas beaucoup plus vallonée mais elle promet tout de même du spectacle : les coureuses devront emprunter quelque 12 kilomètres de chemins de terre entre les vignes, une recette qui fait le succès des Strade Bianche toscanes depuis quinze ans et qui est beaucoup copiée depuis. Retour au calme avec deux étapes a priori peu palpitantes vers Saint-Dié puis Rosheim, avant d’attaquer le vrai gros morceau de ce Tour féminin : deux étapes dans les massifs alsacien et vosgien.

Les coureuses se disputeront d’abord une étape vers le Markstein, après avoir bu notamment Petit (9,3 km à 8,1%, quand même) et Grand Ballon. Le lendemain, elles s’attaqueront au Ballon d’Alsace (8,7 km à 6,9%) avant une arrivée au sommet de la Planche des Belles-Filles (7km à 8,7%), décidément le col à la mode puisque les garçons l’ont gravi six fois ces dix dernières années. C’est notamment là que le Slovène Tadej Pogaçar avait conquis son premier Tour de France, en 2019, au terme d’un ahurissant contre-la-montre. Ce sera donc aussi le juge de paix d’une course féminine dont on peut regretter qu’elle risque de ne se jouer qu’au cours de deux journées décisives.

Le Danemark et tant pis pour la planète

Pour les hommes, une partie du parcours était déjà connue puisque le (grand) départ depuis le Danemark était initialement envisagé pour l’édition de cette année. Mais les conditions sanitaires quelque peu compliquées ont obligé les organisateurs à préférer la Bretagne, remisant le royaume scandinave à l’an prochain. Sauf nouveau variant contrariant, le Tour masculin 2022 devrait donc s’élancer de Copenhague le 1er juillet, pour ce qui sera «le départ le plus septentrional de l’histoire du Tour de France», se réjouit Christian Prudhomme. La capitale danoise dépasse notamment Dublin, qui accueillit le départ de la Grande Boucle en 1998. Et tant pis pour le bilan carbone d’une course sous le feu des critiques, ces dernières années, pour son impact environnemental...

Le peloton se baladera donc trois jours dans ce pays dingue de cyclisme avant de prendre l’avion pour Lille et de se promener dans le Nord. On coche avec gourmandise la 5e étape qui doit arriver sur le site minier d’Arenberg en empruntant près de 20 km de secteurs pavés, dont certains encore jamais expérimentés sur le Tour ou sur Paris-Roubaix. Le lendemain, une étape alaphilippesque conduira les coureurs jusqu’à la côte des Religieuses (1,6 km à 5,8 %) à Longwy, qui aura été précédée 6 km plus tôt du mur de Pulventeux (800 m à 12,3 %). Et le surlendemain, ce sera la Planche-des-Belles-Filles, histoire de terminer les 7 premières étapes avec les jambes qui brûlent.

Rien de comparable, néanmoins, avec les deux plats de résistance traditionnels du Tour : les Alpes et les Pyrénées, dans cet ordre-là cette année. La promenade alpestre des coureurs les conduira d’abord en Suisse avant de leur proposer certains des cols les plus fameux de l’épreuve : le Télégraphe, le Galibier (deux fois) ou encore les 21 lacets de l’Alpe-d’Huez. Mais on notera surtout l’arrivée au sommet du col de Granon, moins pour son profil costaud (11,3 km à 9,2%) que pour sa propension à faire s’emballer l’altimètre : les coureurs finiront à 2 413 m d’altitude, sur le toit de cette édition du Tour. Après des étapes de transition reliant des villes souvent visitées par la Grande Boucle (Saint-Etienne, Rodez, Mende, Carcassonne), le peloton passera trois jours dans les Pyrénées. On retiendra la 18e étape et son profil «dynamique», d’après Prudhomme : moins de 150 bornes pour trois cols : Aubisque, Spandelles, inédit sur la Grande Boucle, et le mythique Hautacam. Enfin, les coureurs regagneront Paris après avoir soigneusement évité tout l’ouest de la France pour la traditionnelle arrivée sur les Champs.