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Tracé

Tour de France 2023 : paris montagneux pour les hommes, sans Paris pour les femmes

En juillet, les coureurs partiront du Pays basque espagnol avant de funambuler sur la diagonale du vide, pour un duel entre Pogacar et Vingegaard, probablement sans le prodige Evenepoel. Les coureuses, elles, connaîtront le mythique Tourmalet.
publié le 27 octobre 2022 à 17h30

«On ne va pas passer 21 jours en montagne.» Voilà ce que Thierry Gouvenou, le directeur technique du Tour de France, assurait à Libé dans la fournaise du mois de juillet, au moment où les coureurs fondaient sur les routes françaises. Pas trois semaines, certes, mais pas loin : après une édition 2022 qui a tablé sur la diversité et les spots instagrammables pour frissonner, en parcourant trois pays étrangers (Danemark, Belgique, Suisse), le pont du Storebæltsbroen, les falaises de la Côte d’Opale, les pavés du Nord, les bords du lac Léman ou encore le col vierge du Granon, l’idée est simplissime pour l’édition 2023. Une seule frontière franchie, avec le grand départ donné à Bilbao, dans le Pays basque espagnol, une remontée par la côte pour rejoindre Bayonne avant de funambuler sur la diagonale du vide. Le Tour sautera les deux moitiés de la France, son universalisme l’emmènera à Moulins, seule préfecture qui n’avait jamais connu sa grandiloquence, et surtout, il grimpera les cinq massifs français, hors Corse : Pyrénées, Massif central, Alpes, Jura et Vosges.

Avec ce tracé tout en raideur, le Tour cherche-t-il à reproduire le cliffhanger de l’édition 2022, lors de l’étape du Granon, décrit par certains comme une jolie page d’héroïsme, quand Vingegaard et la Jumbo-Visma avaient fait sauter le tenant du titre Tadej Pogacar ? Pour marquer le retour dans le Puy-de-Dôme, trente-cinq ans après sa dernière visite, Christian Prudhomme a d’ailleurs rappelé le duel entre Poulidor et Anquetil en juillet 1964. «Une légende qui ne demande qu’à revivre», dit le patron de la Grande Boucle, lors de la présentation du tracé, ce jeudi au palais des Congrès, à Paris. A défaut d’espérer un vainqueur français – David Gaudu, le coureur tricolore le mieux classé en juillet, est certes arrivé quatrième, mais à près de quatorze minutes du vainqueur – la volonté d’un nouveau corps à corps entre Pogacar et Vingegaard transparaît dans le parcours présenté. En juillet prochain, le Tour sera déjà propulsé sur l’orbite Netflix – au printemps sort sur la plateforme un documentaire de huit épisodes de quarante-cinq minutes sur l’édition 2022, avec l’objectif de capitaliser comme la Formule 1 a su le faire avec Drive to survive.

Plan à trois évité

Ou bien, le Tour joue petit. Avec ce tracé, il se contente probablement d’un mano à mano quand il aurait pu organiser un plan à trois avec le Belge Remco Evenepoel, jeune carnassier belge. Le Tour ruisselle de talents. Trop ? Egan Bernal vainqueur en 2019, Pogacar en 2020 et 2021, Vingegaard en 2022 : y a-t-il dans une volonté, dans le scénario imaginé, de stopper cette accumulation des personnages ? Un seul contre-la-montre, entre Passy et Combloux (Haute-Savoie), court (22 kilomètres) et intense, est programmé. Un exercice qu’adore le prodige de 22 ans, qui comme tous les Belges précoces et très forts est comparé à Eddy Merckx (comparaison qui n’a probablement jamais été aussi juste avec le récent champion du monde, vainqueur du tour d’Espagne en août). «On va regarder les parcours et notamment les profils et les kilomètres en contre-la-montre. Quand on aura ces données, on pourra décider quelle course on fait. Pas avant», affirmait Evenepoel le 3 octobre. Puis d’ajouter, très vite après l’annonce du parcours du Tour d’Italie et de ses trois contre-la-montre, qu’il avait «pris sa décision».

Le Tour aboutira, sans surprise, sur les Champs-Elysées (ce qui ne sera pas le cas en 2024 avec les Jeux olympiques) que les femmes auront le bonheur d’éviter. Au moment de l’arrivée des hommes, le 23 juillet, le Tour lancera son deuxième feuilleton de l’été. En juillet, les dames avaient renoué avec la course en débutant par Paris, avant de percer l’est jusqu’à la Super planche des Belles filles, dans les Vosges. Elles partiront cette fois de Clermont-Ferrand pour 8 étapes, traverseront les champs de noyers du Périgord noir et graviront, comme les hommes trois semaines avant elles, le Tourmalet. Territoire de légende du cyclisme masculin et donc, bientôt féminin.