Le Tour de France possède ses ermites. C’est une espèce endogène ; chaque étape cache son ou ses reclus. Souvent, un homme. Solitaire, par nature. Son territoire est vaste. Il est retiré dans les sous-bois, à l’ombre. Il refuse de coudoyer la populace dans les cols denses. Il se positionne au milieu des champs de blé, personne avant et personne après. Parfois, il aime les replis des descentes. Il est sauvage mais Libération a pris langue avec lui. Mercredi et jeudi, passage au crible des bas-côtés pour repérer ces anachorètes de la caravane dans les Hautes-Alpes.
Mercredi, à 49 kilomètres de l’arrivée, sur une départementale large et vide
Eric a positionné sa bâche en plastique à quelques kilomètres de La Freissinouse, à l’ouest de Gap (Hautes-Alpes). Il s’est retrouvé ici «parce que c’est peinard». Son magazine à ses pieds relate l’histoire du Tour dans la région. Un drapeau tricolore est accroché aux frondaisons voisines : «Un peu de décoration.» Et dans le sac isotherme ? «Bah j’ai de l’eau ! Pour boire ! Oh !»
Il est passé par des petites routes d’initiés, «pour pouvoir [s’]échapper». S’échapper ? «Plier les gaules après les coureurs.» Eric a des hallucinations. Il a vu une petite foule, plus bas : «Ça commence un peu dans le faux plat plus bas.» Deux minutes plus tôt, il n’y avait personne. Et plus loin : «Il y a des gens vers les peupliers.» Un couple avec ses deux enfants, établi à au moins 2 kilomètres.
Eric est du massif du Dévoluy, de la Joue d