Ce matin-là, Marie-Noëlle a fait deux heures de route depuis Fourchambault, dans la Nièvre. Devant le bus de la Groupama-FDJ, elle prend son petit-fils dans les bras et lui caresse le dos. Elle lui dit des choses de mamie : «T’as grandi encore.» Lui répond qu’elle a rapetissé. Le gamin a le corps en fil de couteau. La pulpe absente. Une carrure de grimpeur, pas large et pas long. Marie-Noëlle ne le voit plus qu’occasionnellement. Elle le suit à la télévision et sur Strava, l’application des coureurs cyclistes. Elle lui rappelle : «C’est ton premier Tour de France, tu vois ce que c’est.» Lui souffle que l’étape du jour, ce mardi 9 juillet, entre Orléans et Saint-Amand-Montrond, est toute plate. «Ça va aller.»
Lenny Martinez, 21 ans, est passé professionnel voilà deux ans. Quand il a porté deux jours durant le maillot rouge de leader du Tour d’Espagne, en août, on exposait déjà son extrême précocité. Ses 20 ans tout juste franchis, il devenait le plus jeune leader de l’histoire du Tour d’Espagne devant Miguel Indurain. Il faisait ressurgir à l’écume de la mémoire cycliste des figures oubliées, comme Henri Cornet, seul coureur plus jeune que lui à avoir endossé le maillot de premier au classement général d’un grand tour. C’était sur le Tour de France, en 1904.
Un peloton familial
A l’arriv