Ce n’était presque plus un sujet. L’année dernière, pour ce qui devait être son dernier Tour, la question obsédait Mark Cavendish et les suiveurs. Le sprinteur britannique allait-il battre enfin le record d’Eddy Merckx, glaner cette 35e victoire d’étape qui l’aurait emmené seul au sommet ? A plusieurs reprises, il n’était pas passé loin. On le sentait, ça venait. Ses adversaires s’excusaient presque de le battre. L’histoire s’était achevée à Limoges, dans une chute, la clavicule emportée, le corps râpé par le bitume, les larmes devenant rivière.
On lui avait dit au revoir, écrit quelques élégies, allez, à toi le racé de l’île de Man, salut, bravo et merci. Et puis : il a changé d’avis, à 39 ans, convaincu par ses proches et son équipe Astana. Il a décidé de rempiler et a traîné sa peine sur les routes d’Europe depuis le début de la saison, en Suisse, en Turquie, à Tirreno-Adriatico. Lors de la première étape, samedi en Italie, on a bien cru qu’il abandonnerait, lâché dès les premières pentes, abattu par la chaleur toscane, l’air blafard, la mine de vieux corniaud qui se demande bien pourquoi on lui d