On a vu la joie, la vraie, à l’état pur, celle de Romain Bardet, le visage gracile emporté par un sourire venu du plus profond de son âme. Il a traversé la ligne d’arrivée à Rimini, en tête, avec son coéquipier Frank Van Den Broek, et, en un instant, le sens de presque toute une carrière a été réécrit. Grâce à quelques secondes d’avance conservées à l’issue d’une échappée glorieuse, le leader de la DSM-firmenich PostNL a subtilisé la victoire à un peloton fondant sur le duo comme le bambino sur les lasagnes. Ce samedi soir, il est en jaune pour la première fois de sa carrière alors qu’il vient d’annoncer sa retraite (dans un an). Ce n’est pas une histoire florentine machiavélique, plutôt une jolie glace, parfum fior di latte et stracciatella, que l’on va laisser longtemps fondre en nous pour en garder le goût.
Le matin même, quittant Florence, son Duomo, sa Galerie des Offices, sa Vénus de Boticelli, on pensait laisser le beau derrière nous, mais le vélo est décidément le plus romantique des sports qui ne se lasse jamais d’ajouter une histoire dans le grand livre de sa mythologie. Tout semblait écrit. Les échappés, partis tôt, dont le vaillant Valentin Madouas, allaient se faire gentiment rattraper par le peloton, à force d’un enchaînement de sommets casse-pattes entre la Toscane et l’Emilie-Romagne, au long d’une journée-hommage au