Il est habillé comme un bagnard. Il porte la croix en boucle d’oreille. Son culte est inscrit sur un bout de carton : «La Terre est plate.» Par zèle, il le crie également. Le bougre ne sait pas où il se trouve, hurle «J’ai des Tourtel, j’ai des Tourtel», une caisse d’Orangina dans les bras. Ce n’est pas Cayenne mais le Galibier. Il n’est pas même au début du col, où la route affleure, banale, presque douce. Le platiste se situe près du sommet. Là, les pentes se cabrent, torses. Le vent et le froid saisissent les coureurs. L’air se fait rare. Tout juste, l’aspiration légère d’une rivière. L’asphalte épouse le même gris que les éboulis qui s’étalent, c’est un prolongement, la route et la montagne. Des champs de neige prennent en étau les coureurs. C’est ici que Tadej Pogacar a placé son attaque.
Ce mardi 2 juillet, le Tour a vécu ses premiers émois montueux. Depuis Pinerolo, dans le Piémont italien, le peloton s’est lancé jusqu’à Valloire, dans les Hautes-Alpes, pour 139 kilomètres. Il a passé la frontière, mis un terme à cette escapade de 700 kilomètres en Italie, premier grand départ de la course de ce côté des Alpes. Le Tour y aura connu des destinées bienheureuses, le maillot jaune de Romain Bardet,