Il paraît que la fortune sourit aux audacieux. Audacieux, le rouleur belge Victor Campenaerts (Lotto-Dstny) l’est assurément, lui qui est un habitué des attaques lancées de loin. Fortuné, c’est moins vrai, puisque lesdites attaques échouent souvent : même doté de troncs d’arbre en guise de mollets, un échappé a rarement l’avantage sur un peloton lancé à sa poursuite. Ce jeudi 18 mai, la machine à rouler flandrienne a été récompensée de ses efforts : Campenaerts s’est imposé à Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence) au terme de la 18e étape du Tour de France. Il a réglé au sprint ses deux derniers compagnons de fugue, l’ancien champion du monde polonais Michal Kwiatkowski (Ineos Grenadiers) et l’invité surprise français Mattéo Vercher (TotalEnergies). Et décroche la plus belle victoire de sa carrière, trois ans après un succès d’étape sur le Giro. Sur la ligne, il a ouvert des bras aussi larges que son bonheur.
Interview
Avant les dernières peignées entre favoris dans les Alpes ce week-end, l’étape du jour était promise aux échappés. Comme les occasions se sont faites rares depuis le début du Tour, ils étaient un grand nombre d’aventuriers à vouloir prendre la tangente dès le départ, donné à Gap (Hautes-Alpes). Après plusieurs contractions, le peloton a fini par accoucher d’une fugue comptant une quarantaine de coureurs, une équipée maousse genre ruée vers le Klondike. Evidemment, tout ce beau monde n’allait pas arriver groupé et l’écrémage s’est fait au long des soubresauts du parcours. Les amateurs de toponymie auront été servis : certains ont d’abord lâché dans la côte de Saint-Apollinaire, d’autres se sont fait la belle dans celles des Demoiselles Coiffées. Un trio a fini par ouvrir la voie : celui qui s’est retrouvé à se disputer la victoire après avoir résisté au retour de quelques camarades de route. Trois costauds pour un coup fin.