Avant le passage du peloton, on remonte le 1,1 kilomètre de pavés glissants de la rue Lepic en délire, plongée dans une transe souvent enthousiasmante, parfois inquiétante, toujours épuisante. Un an après le succès des Jeux olympiques à Montmartre, Paris a très envie de faire encore la fête. Rien ne peut décourager les spectateurs, et surtout pas la pluie froide. Nassée derrière les solides barrières grises, la flopée de bobs et de ponchos à pois rouges de la rue Lepic bouillonne. Des dizaines de milliers de personnes se pressent contre les barrières, criant, hurlant ou chantant Emmenez-moi d’Aznavour ou A nos souvenirs de Trois Cafés gourmands.
Profil
Journaliste, bénévole, flic… chaque quidam a une bonne excuse pour beugler. Entre deux larsens, Mehdi et Julien baragouinent des slogans inaudibles au mégaphone. Croisés dans le virage Jean-Luc (du nom de ce quinquagénaire qui a remonté plus d’une cinquantaine de fois la rue à vélo, depuis 6 heures du matin, sous les applaudissements de la foule), les deux membres de l’association «Les baroudeurs du sport» campent sur le trottoir depuis 10 heures ce matin – le mélange jaune peu ragoûtant dans leur gobelet aidant sûrement. Fan inconditionnel de «la légende» Pogacar, Julien estime qu’il a «recréé le cyclisme». «Est-ce que tu penses que Pogacar peut être le futur Armstrong en termes de polémiques ?» le taquine Mehdi. «Même s’il est dopé, moi, je m’en fiche, en fait. Parce que j’ai vécu des choses inc