L’appel du large au bout de la route. Puis, un coude. Et le large s’est changé en une balade balnéaire dans les embruns. La digue a ouvert sa promenade aux cinq fuyards partis peu après Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Alex Baudin (EF Education - EasyPost), Ewen Costiou (Arkea B & B Hotels), Geraint Thomas (Ineos Grenadiers), Marco Haller (Tudor) et Ivan Garcia Cortina (Movistar), des coureurs qui ont cravaché tout le jour, ce vendredi 11 juillet, tenus en longe par le peloton.
Sur la digue de Pléneuf-Val-André (Côtes-d’Armor) : une indolence iodée, des grandes demeures de grès rose ou des villas de schiste, des spectateurs aux bow-windows ou sur les balcons de bois peint en blanc. L’homme-mémoire de Pléneuf, lui, est resté le nez dans ses larges classeurs de cuir de rouge, nourris à la photo vieille et brunie. Il prend les traits d’un vieux mousse. Michel Grimaud a navigué à Terre-Neuve, sa seule infidélité à Pléneuf. Ici, il a marné dans les sablières et a pêché l’oursin et la coquille Saint-Jacques au petit port d’à côté, Dahouët. Il a des yeux noirs crêtés de sourcils en broussaille, la voix basse et le flux las, celui de ses 87 ans. Chez lui, c’est la digue. Quand sa mémoire remonte à marée haute, il parle d’un autre siècle, des parcelles vendues par la commune à un «ingénieur du canal de Suez» et des «ministres égyptiens».
Tobrouk et blockhaus
Michel Grimaud a collectionné les cartes postales, écumé les archives départementales, le fonds de la compagnie des Indes de Lorient, c