C’était le calme plat. Cela faisait trois heures ce lundi 7 juillet que le peloton du Tour de France roulait à moins de 40 km/h de moyenne, autant dire presque du cyclotourisme pour les meilleurs coureurs du monde, dans cette troisième étape entre Valenciennes et Dunkerque. Et soudain, le chamboule-tout. Lors d’un sprint intermédiaire anodin, placé à 60 bornes de l’arrivée, Laurenz Rex et Bryan Coquard ont accéléré épaule contre épaule. Le Français a déchaussé, s’est déporté sur sa gauche et est venu faucher Jasper Philipsen.
Le maillot vert a volé. Il s’est retrouvé projeté vers le sol, l’épaule droite en avant, à 60 km/h. Jasper the Disaster («le Désastre»), surnom donné par d’anciens coéquipiers pour qualifier ses étourderies, ne pouvait pas faire grand-chose pour éviter la chute. Le premier maillot jaune de cette édition 2025 et vainqueur de l’étape inaugurale a abandonné quelques minutes plus tard.
😮 La chute terrible de Jasper Philipsen ! Le maillot vert abandonne après être tombé lourdement lors du sprint intermédiaire sur cette 3e étape du Tour de France #LesRP #TDF2025 pic.twitter.com/FbqRqMuWfd
— Eurosport France (@Eurosport_FR) July 7, 2025
«Avec Jasper on avait la mission de remporter des étapes et le maillot vert, c’est une énorme perte», a réagi Mathieu van der Poel, son coéquipier chez Alpecin-Deceuninck. L’étape a été marquée par d’autres chutes, notamment dans l’emballage final. «Beaucoup de coureurs étaient encore frais à cause du vent de face et c’est bien plus facile de remonter de l’arrière, analyse Van der Poel. Beaucoup de sprinteurs étaient encore là et se sont battus pour la victoire. Ca a créé un final chaotique.»
L’émotion de Bryan Coquard
Parmi les victimes de la violente chute survenue dans le dernier kilomètre : Bryan Coquard. Le visage marqué et le cuissard déchiré, celui qui a écopé d’un carton jaune pour «sprint irrégulier» (un deuxième et ce serait l’exclusion du Tour) s’est présenté devant une forêt de micros au pied du bus de son équipe. «Sale journée. Vous imaginez que faire abandonner le maillot vert, ça ne fait pas plaisir», a-t-il commencé. «Je tiens à m’excuser auprès de Philipsen même si c’est pas volontaire : je ne suis pas un mauvais bougre, un mauvais garçon.» Un ombre passe dans son regard, ses yeux s’embuent. «C’est quelqu’un de bien», dit-il du Belge, dans un sanglot.
Le portrait
Bryan Coquard a aussi essayé de comprendre l’enchaînement des événements, ayant pris le temps de revoir les images avant de se présenter devant la presse. «Sur le moment je ne sais pas ce qui s’est passé. Peut-être que ma roue avant touche le dérailleur de Milan, peut-être que Rex me déséquilibre… J’ai perdu la pédale de la chaussure, j’ai pratiquement perdu la chaussure.» Il ne tombe pas mais entraîne Philipsen au sol. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, Coquard ira pourtant violemment au sol à son tour. «Je m’étais remobilisé pour faire le sprint final, il y a une nouvelle chute, voilà…» Et à l’arrivée, c’est un contrôle antidopage qui l’attendait, le sprinteur français faisait partie des tirés au sort quotidiens. Décidément, une bien longue journée.