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Tour de France 2025 : pourquoi des coureurs s’échinent à sprinter pour une 14e place

Sur la Grande Boucle, on se bat pour le maillot jaune ou le bouquet d’une victoire d’étape. Mais aussi – et pour certaines équipes surtout – pour gagner des points UCI, en vue d’éviter la relégation en 2026.
Pendant la 9e étape de Tour de France 2024. (Bernard Papon /AFP)
publié le 5 juillet 2025 à 8h00

Il y a les cadors, qui vont se disputer la victoire d’étape ou de précieuses secondes de bonification en vue du maillot jaune. Il y a aussi la foule d’équipiers, porteurs de bidons sans grade, abonnés à l’anonymat du peloton. Et puis il y a ces types curieux, qui vont aller se battre pour des places situées parfois au-delà du top 10 de l’étape, ce classement qui apparaît à la télé avec les noms des lauréats et les drapeaux de chaque nationalité, quelques minutes après l’arrivée. Qu’est-ce qui pousse un coureur à se battre pour une 14e place ? Sans aucun doute les points UCI. Vous n’en entendrez sans doute pas beaucoup parler sur France Télévisions. Pourtant, ils permettent de comprendre bien des dynamiques de course. On vous explique.

Que sont les points UCI ?

Lorsqu’on est coureur ou coureuse cycliste, on se bat pour remporter des épreuves d’une journée (par exemple Liège-Bastogne-Liège) ou par étapes (comme le Tour cycliste féminin international de l’Ardèche). Mais on concourt aussi à un classement moins visible, tout au long de l’année : le classement mondial UCI. Il tire son nom de l’instance qui l’organise, l’Union cycliste internationale, qui chapeaute le cyclisme au niveau mondial. Pour établir ce classement, l’UCI distribue des points aux athlètes en fonction de leur résultat à chaque course. Mais aussi selon un barème (article 2.10.008 du règlement de l’UCI) qui permet de valoriser les épreuves les plus prestigieuses. Une première place au Tour de France rapporte 1 300 points UCI, contre 40 pour le vainqueur de la Course Cycliste de Solidarnosc et des Champions Olympiques.

Combien de classements UCI existe-t-il ?

Les points UCI servent à alimenter plusieurs classements. Le plus connu est le classement individuel, qui permet notamment de déterminer qui est numéro 1 mondial (avant le début du Tour de France 2025, c’est Tadej Pogacar chez les hommes et Demi Vollering chez les femmes). Ce classement est calculé en additionnant les points obtenus sur une année glissante, soit durant les 52 dernières semaines.

Il y a aussi le classement des nations. Lui aussi est réalisé sur une année glissante et consiste à additionner les points des huit meilleurs coureurs de chaque pays. Actuellement, c’est la Belgique qui tient le haut du pavé chez les hommes (grâce notamment à Remco Evenepoel, Wout Van Aert et Jasper Philipsen) tandis qu’il s’agit des Pays-Bas chez les femmes (merci Demi Vollering, donc, mais aussi Lorena Wiebes ou Puck Pieterse).

Enfin, il y a le classement des équipes. Lui ne se calcule pas en années glissantes mais par saison (de janvier à octobre), en additionnant les points obtenus par les vingt meilleurs cyclistes de chaque formation. L’équipe qui a accumulé le plus grand nombre de points est officiellement la meilleure de chaque saison. Ça a été le cas de l’équipe UAE Team Emirates de Tadej Pogacar les deux dernières saisons. En 2022, c’est la Jumbo Visma de Jonas Vingegaard qui a été désignée meilleure équipe.

Pourquoi le classement par équipes est important ?

Tout ceci pourrait n’être qu’honorifique. Mais le classement par équipes a une incidence capitale : il permet depuis 2020 de déterminer qui sont les dix-huit équipes à disposer d’une licence World Tour, une catégorie qui leur permet de participer automatiquement aux courses les plus prestigieuses de la saison. Ce qui est une condition essentielle pour attirer des sponsors.

Pour garantir un peu de stabilité auxdits sponsors, les promotions et les relégations ne se font pas à chaque saison mais tous les trois ans, en tenant compte des résultats obtenus durant l’intervalle. Les premières promotions et relégations se sont faites à la saison 2023, les suivantes se feront au début de la prochaine. Cette saison 2025 est donc capitale pour les équipes qui voudraient se refaire la cerise et sauver leur peau au plus haut niveau.

Quelles sont les équipes menacées ?

Parmi les équipes évoluant en World Tour, quatre sont sur la sellette. Avant le départ du Tour 2025, les Kazakhstanais de XDS-Astana et les Néerlandais de Picnic PostNL occupent les 17e et 18e places du classement cumulé sur trois ans. Le tout en se tenant dans un mouchoir de poche puisqu’elles affichaient fin juin respectivement 23 707 et 23 632 points au compteur. A la 19e place, synonyme de relégation donc, on retrouve la formation française Cofidis. Mais, avec ses 23 250 points, elle n’est pas loin et peut encore espérer se sauver.

L’affaire semble en revanche bien plus compliquée pour les Bretons d’Arkéa B & B Hôtels, qui émargent à 20 528 points avant le départ de la Grande Boucle. D’autant que les Norvégiens d’Uno-X Mobility, qui évoluent à l’échelon inférieur, tapent à la porte du World Tour avec leurs 21 483 points fin juin. Quoi qu’il en soit, on devrait voir des maillots de ces différentes formations se glisser dans les échappées ou s’arracher au sprint pour aller récolter le plus de points possible. Et le Tour en distribue beaucoup.

Combien de points UCI rapporte une 14e place sur une étape du Tour ?

Course la plus prestigieuse du calendrier, le Tour de France aussi la plus pourvoyeuse de points. On l’a vu, rapporter le maillot jaune à Paris rapporte 1 300 points. Le maillot vert ou le maillot à pois offrent, eux, 210 points à leur titulaire final. La même gratification est offerte à un vainqueur d’étape sur la Grande Boucle. Mais les quatorze places suivantes rapportent aussi des points, de 150 pour la deuxième place à 5 pour la quinzième. L’avant-dernière, la 14e place, rapporte 10 points. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour certaines équipes, ça veut dire beaucoup.