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Merci de l'avoir posée

Tour de France 2025 : pourquoi on peut crever mais ne pas tomber seul dans les derniers kilomètres d’une étape

Sur la Grande Boucle s’applique la règle dite des «3 derniers kilomètres», qui vise à réduire les risques et préserver l’équité sportive en cas d’incident près de la ligne d’arrivée. Elle a néanmoins été modifiée cette saison.
Primoz Roglic dans la descente du Galibier lors de la quatrième étape du Tour de France 2024, le 2 juillet 2024. (Marco Bertorello /AFP)
publié le 6 juillet 2025 à 8h59

Le Tour de France est une épreuve dure, parfois cruelle, mais les instances du cyclisme mondial savent aussi faire preuve de ménagement et d’aménagements. Ainsi en est-il de la règle dite des «3 derniers kilomètres». Cumulée à des dispositions sur le chronométrage, elle vise autant à réduire les risques dans les derniers instants d’une étape qu’à préserver l’équité sportive si un incident venait à se produire. Instaurée il y a vingt ans par l’Union cycliste internationale (UCI), cette règle a fait toutefois l’objet d’une récente modification et de quelques adaptations spécifiques sur la Grande Boucle. On vous explique.

Que prévoit cette règle ?

L’idée est assez simple. «En cas d’incident dûment constaté, dans les 3 derniers kilomètres d’une étape en ligne, les coureurs impactés sont crédités du temps du ou des coureurs en compagnie desquels ils se trouvaient au moment de l’incident», énonce le règlement de l’UCI. C’est-à-dire que si l’on est victime d’une chute, d’une crevaison, d’un déraillement ou d’une avarie du même genre à moins de 3 bornes de la ligne, on reste dans le même temps que le groupe dans lequel on se trouve. Ça évite de perdre bêtement des secondes au classement général sans avoir le temps de se refaire.

Et si on tombe tout seul ?

Une subtilité a été introduite cette année. L’UCI précise désormais qu’«est considéré comme incident tout événement indépendant du contrôle par le coureur de sa bicyclette ou de ses propres capacités physiques». Et notamment, en matière de chute, que celle-ci doit «impliquer plusieurs coureurs». Un détail qui peut compter : l’an passé, l’habitué des chutes Primoz Roglic était allé au sol tout seul dans un virage humide à 2 kilomètres de l’arrivée de la 11e étape, au Lioran (Cantal). Il avait perdu une trentaine de secondes sur Remco Evenepoel, avec qui il se trouvait alors, mais avait été reclassé dans le même temps que le Belge. Si pareille mésaventure se produisait cette année, il faudrait payer l’addition.

Est-ce que c’est toujours 3 kilomètres ?

Tout ce qui a précédé, c’est le cadre général. Mais il existe des adaptations propres au Tour de France. Dans le règlement de l’épreuve, on peut ainsi lire que «sur les étapes identifiées comme des arrivées prévues en sprint massif et si des circonstances spécifiques liées à la sécurité le justifient, cette distance peut être portée soit à 4 ou soit à 5 kilomètres». L’idée c’est de permettre aux leaders qui jouent le classement général de quitter un peu plus tôt les premières positions du peloton (en tête duquel ils restent pour éviter de perdre trop de temps en cas couac) pour laisser la place aux sprinteurs. Le règlement précise les étapes «identifiées comme des arrivées prévues en sprint massif» : les étapes 1, 3, 8, 9, 15, 17 et 21, sur les Champs-Elysées. En revanche, on ignore encore pour lesquelles la distance de sécurité sera amenée à 4 kilomètres et celles à 5 kilomètres.

Cette règle s’applique-t-elle à toutes les étapes ?

Non. Il y a d’abord les deux étapes de contre-la-montre individuel (5 et 13) sur lesquelles la règle ne vaut pas, tout simplement parce qu’il n’y a par définition pas de temps de référence dans lequel reclasser un coureur qui connaîtrait une infortune. Sont également exemptées les étapes identifiées comme des arrivées au sommet. Soit les étapes 2, 6, 7, 10, 12, 14, 16, 18 et 19. Finalement, ce n’est que sur une petite moitié des étapes du Tour de France 2025 que la sécurité des derniers kilomètres s’applique. Ça reste un sport cruel.