A 250 mètres de la ligne d’arrivée, un vieil habitant sort d’une maison rutilante. Il a la voix grêle et la stature identique à sa voix. Il dit qu’il n’est pas gaulliste, puisque ça ne fait que quinze jours qu’il vit à Colombey-les-Deux-Eglises. «Je ne suis pas du pays.» Tout près, accolée à une barrière, une retraitée dresse la liste de tous les présidents aperçus depuis vingt ans qu’elle habite cette contrée, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron. Quand elle évoque l’actuel chef d’Etat, sa tête s’enfonce dans la capuche de sa parka et son dos se tourne. La huitième étape du Tour de France s’arrête ici, à Colombey, et elle convient : «Tout ce qu’on a, c’est grâce au général.» La dame pense que ça décline. Que «de Gaulle, c’est du passé». Au premier tour des législatives, le Rassemblement national a caracolé à 53 % dans le village.
En 1960, le Tour de France passe à Colombey. Charles de Gaulle, alors président de la République, est en vacances à la Boisserie, sa belle propriété couverte de vigne vierge. Il sort sur le pas de sa porte au milieu de la foule. Le directeur de l’épreuve, Jacques Goddet, l’apprend et fait arrêter le peloton. Les coureurs descendent de vélo, enlèvent leurs casquettes et serrent enthousiastes la main du général. «Là, regardez, je suis l’enfant avec la casquette, juste derrière lui, j’avais 10 ans», montre Gérard Natali en pointant du doigt le détail d’une photo accroché au mur, devant l’entrée de son restaurant. Il se souvient