Un hat-trick aussi prestigieux qu’improbable. Le Belge Wout van Aert (Jumbo-Visma) s’est imposé sur le prestigieux sprint des Champs-Elysées ce dimanche soir, dernière étape d’un Tour qui l’aura vu l’emporter en solitaire le jour de la double ascension du Mont Ventoux et ce samedi lors d’un contre-la-montre dans les vignes de Saint-Emilion. 3 victoires sur un même Tour de France en montagne, chrono et sprint massif, deux l’ont fait avant lui, Merckx (1974) et Hinault (1979). Ça classe le bonhomme.
Van Aert fait partie de cette nouvelle classe de coureurs qui savent tout faire, quitte à dégoûter les spécialistes. Notamment un certain Mark Cavendish. Sur la ligne d’arrivée, le sprinteur de l’île de Man frappe sur le cintre de son vélo. Il est en colère, il vient de finir troisième. Cette image en rappelle une autre, vendredi, de lui au départ d’étape à Mourenx, où il brutalise son vélo en signe de contestation envers son mécano – la raison reste floue. On a définitivement retrouvé Cavendish, vainqueur certes, mais aussi un brin éruptif, loin des images du Britannique tout miel livrées jusqu’ici dans ce Tour de France.
Le train bien huilé de sa formation, Deceuninck-Quick Step, s’est ce dimanche quelque peu déréglé. A 600 mètres de la ligne, Cavendish a perdu la roue de son poisson-pilote Morkov. Preuve que sans la puissance de son collectif, il n’est pas forcément le meilleur sprinteur du moment. A 36 ans, le Britannique se console avec le maillot vert de lauréat du classement par points.
Avant cela, le coureur de Total Energies, Anthony Turgis, a été distancé dans les 15 derniers kilomètres : fiévreux et épuisé, comme une large partie du peloton à la fin de ce Tour de France particulièrement usant, au vu de la vitesse moyenne, autour des 41km/h, un des plus rapides de l’histoire du Tour. Dans un climat de suspicions pas toujours justifiées, c’est le Slovène Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) qui s’impose, accompagné sur le podium du Danois Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) et de l’Equatorien Richard Carapaz (Ineos Grenadiers). Le jeune Slovène, outre le maillot jaune, repart de Paris avec celui à pois du meilleur grimpeur et le blanc de meilleur jeune.
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A l’issue du sprint sur les Champs-Elysées, quatre équipes se sont partagées 15 des 21 victoires sur ce Tour, plus de 70 % des succès. Deceuninck-Quick Step, 5 victoires (Cavendish quatre fois, Alaphilippe) ; Jumbo-Visma, 4 victoires (Van Aert trois fois, Kuss) ; UAE-Team Emirates, 3 victoires (Pogacar) ; Bahrain-Victorious, 3 victoires (Mohoric deux fois, Teuns), meilleure du classement par équipes à Paris.
15 équipes sur 23 n’ont rien gagné, et certaines ne semblent pas en mesure de le faire. Des coureurs moins forts, mais pas seulement. Pour le Canadien Michael Woods (Israël Start-up Nation), éphémère maillot à pois, «il y a d’énormes différences dans le matériel entre les équipes». Le Belge Loïc Vliegen (Intermarché-Wanty Gobert) confirme : «Certaines marques ne sont pas vraiment au point, ça fait partie du sport. Pour certains coureurs, c’est évidemment rageant, car, à la fin d’une course, avec la fatigue, c’est la petite chose qui t’empêche de gagner. Après, quand tu es un très bon coureur, tu roules dans une très bonne équipe avec des moyens et du bon matériel.»
Chose vue
500 CHF fine for the whole peloton.pic.twitter.com/u02xct6uRU
— Cycling out of context (@OutOfCycling) July 18, 2021
Dans le rétro
«Nous nous sommes d’abord contentés de confier à une agence de mannequins le soin de nous dénicher quatre jeunes femmes «bien sous tous rapports» et sous toutes leurs formes, âgées de 25 à 35 ans environ, pomponnées, parfumées tout de jaune vêtues. Et puis, un jour, lors d’une réunion de <i>brainstorming,</i> un de nous a lancé une idée : <i>«Et si on faisait un casting pour choisir nos miss ?»</i> Eclats de rire général. Et puis à la réflexion nous nous sommes dit que l’idée n’était pas si sotte. C’est ainsi que, pour occuper quelques-unes de nos longues journées, nous avons reçu une cinquantaine de jeunes femmes proposées par des agences spécialisées.»
— Extrait d'un article malaisant de sexisme daté de 2018 et écrit par Guy Sitruk. Cet ex-journaliste de L'Equipe, passé chez le sponsor LCL à l'hiver 1991, raconte, dans le livre de mémoires "L'Equipe raconte le Tour de France" la mise en place des hôtesses sur les podiums à l'arrivée des étapes. Depuis deux ans, il y a désormais un homme et une femme autour des coureurs sur le podium.
La question du jour
Le Tour 2021, c’est fini. Rendez-vous le premier juillet 2022 pour le grand départ à…
♦Doha (Qatar)
♦Utrecht (Pays-Bas)
♦Copenhague (Danemark)
♦Minas Morgul (Terre du Milieu)
Réponse de cette question : Copenhague.
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Le dico du vélo
Faire rideau
Mettre fin à son effort lorsqu’on sait qu’il est vain. Le peloton fait rideau une fois qu’il n’a plus la foi d’aller chercher l’échappée du jour. Quant à nous, on le baisse, le rideau, avec cette dernière étape. Merci de nous avoir suivis.
La stat : 3
C’est le nombre de coureurs de l’équipe Arkéa-Samsic à Paris : Elie Gesbert, Nairo Quintana et Connor Swift. Les cinq autres ont abandonné. Cette formation française est la plus décimée du peloton. Plusieurs équipes ont, malgré les chutes de la première semaine, la météo changeante et la proximité avec les Jeux olympiques, conservé leurs huit coureurs. C’est le cas d’UAE-Team Emirates, la formation du maillot jaune.