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Libération
Sur les routes du Tour (5/21)

Tour de France : Pogacar maître du temps, un des cinq enseignements de la 5e étape

Tour de France 2021dossier
Pogacar écœurant, Van der Poel résistant, Ineos décevant. La décla, la stat, le dico du vélo, le quiz... Récit d’étape du Tour de France par nos envoyés spéciaux.
Tadej Pogacar ce mercredi près de Laval. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP)
publié le 30 juin 2021 à 17h28
(mis à jour le 30 juin 2021 à 19h10)

Le jeune Slovène Tadej Pogacar, maillot blanc sur le dos, qui survole un contre-la-montre et jette un froid autour de lui. Un air de déjà-vu. L’an dernier, c’était la veille de l’arrivée à Paris. Wout Van Aert, casquette noire, masque blanc, Tom Dumoulin, bras croisés, serviette blanche autour du cou, le regardent arriver. Mélange d’aigreur et de fatalisme alors que leur coéquipier Primoz Roglic est en train de perdre, dans les derniers instants, la plus grande course cycliste au monde.

Il y a comme un malaise

Les mêmes sentiments émanent ce mercredi de Stefan Küng (finalement deuxième à 19 secondes) que l’on voit perdre la tête du classement de l’étape. Dégoûté, le Suisse de la Groupama-FDJ, champion d’Europe du contre-la-montre, hausse les sourcils, il (y) a comme un malaise. Entre les deux chronos, une différence. Ce mercredi soir, Pogacar ne se pare pas de jaune. Van der Poel conserve sa tunique.

27 kilomètres entre deux villes voisines, Changé et Laval, une boucle dans la Mayenne. Le temps n’a cessé d’évoluer durant toute la journée. Route sèche puis mouillée puis sèche à nouveau et des conséquences sur les performances : le Danois Mikkel Bjerg, arrivé juste avant la pluie, garde, trois heures durant, le meilleur temps, avant le passage des meilleurs, Küng puis Pogacar.

Après seulement cinq étapes, le Slovène d’UAE-Team Emirates prend ses aises au classement général. Il est certes derrière Mathieu Van der Poel, mais possède 40 secondes d’avance sur Julian Alaphilippe. Et surtout plus de 1′30″ sur Richard Carapaz et… Primoz Roglic. Le deuxième de l’an dernier parviendra-t-il à rendre la pareille à son compatriote pour lui chiper le maillot jaune avant de voir Paris ?

Van der Poel résistant

Peu s’aventuraient à penser ce mercredi matin que Mathieu Van der Poel serait toujours en tête du Tour de France à l’issue de cette étape. Plusieurs raisons à cela : il dispute peu de chronos et Wout Van Aert, vice-champion du monde en titre du contre-la-montre, avait fait de l’étape et du maillot jaune ses objectifs. Mais, lunettes enlevées laissant apparaître son visage écarlate, le champion néerlandais s’est arraché, et termine 5e de l’étape, une seconde seulement derrière son rival de toujours, Wout Van Aert. Il conserve le maillot jaune pour 8 secondes, les 8 secondes de bonifications qu’il est allé chercher à Mûr-de-Bretagne lors de sa première attaque dimanche. Les étapes de Châteauroux jeudi et du Creusot vendredi devraient lui permettre de le conserver jusqu’au pied des Alpes.

Alaphilippe sans mordant

Ses équipiers Cattaneo (8e) et Asgreen (6e) passés, on attendait Julian Alaphilippe conquérant. A Pau, il y a deux ans, le Français de la Deceuninck-Quick Step enlevait un contre-la-montre au profil identique, 27 kilomètres avec un peu de relief. Mais il n’a jamais été dans le coup. 14e de l’étape à plus d’une minute de Tadej Pogacar, il glisse à la quatrième place du classement général. Le champion du monde qui, à l’occasion de ce chrono, retrouvait le classique maillot bleu de son équipe, paye-t-il les efforts consentis depuis Brest ? Mardi encore, il emmenait le peloton à la flamme rouge pour la victoire de son équipier Mark Cavendish.

Les Ineos décevants

Au Tour de Romandie début mai, ils avaient terminé dans le top 5 du contre-la-montre, devant le champion du monde Filippo Ganna. Richie Porte (9e) et Geraint Thomas (16e) ont été décevants ce mercredi. Le vainqueur du dernier tour de Suisse, le grimpeur équatorien Richard Carapaz, semble plutôt à sa place en 23e position. Deux coéquipiers maison (Kwiatkowski et Castroviejo), pourtant très bons dans l’exercice du contre-la-montre, finissent au-delà de la 150e place. Tout comme le vainqueur du Giro l’an dernier, Tao Geoghegan Hart. De quoi se préserver pour les batailles en montagne à venir. Il y en aura bien besoin.

Des Danois très présents

Quatre placés chez les Danois : Jonas Vingegaard (3e), Kasper Asgreen (5e), Mikkel Bjerg (11e) et Magnus Cort Nielsen (12e). Déjà deuxième début avril du classement général du Tour du Pays basque, Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) est le plus impressionnant. Kasper Asgreen continue sur sa lancée après avoir remporté un monument, le Tour des Flandres, et son championnat national (chrono) cette année. Cela fait trois ans qu’une nouvelle vague déferle depuis les contrées danoises, avec le maillot de champion du monde glané par Mads Pedersen en 2019. Avant Michael Rasmussen dans les années 2000, Bjarne Riis, vainqueur du Tour de France 1996, a mis le Danemark sur la carte du cyclisme mondial. Au-delà de succès retentissants, notamment sur la Grande Boucle, un point commun entre les deux est les affaires de dopage qui ont émaillé leur carrière.

Pendant ce temps-là

La stat : 0 /29

C’est, à l’issue de cette étape, le nombre de top 10 de David Gaudu sur des contre-la-montre individuels. Le leader français de l’équipe Groupama-FDJ a perdu du temps aujourd’hui sur les principaux favoris du Tour, terminant seulement 44e de l’étape. Il pointe à 2′35 au classement général.

La décla

Le Français Pierre Rolland a finalement été rattrapé à 5 kilomètres de l’arrivée par le Suisse Stefan Küng. Désolé, mais on ne peut pas dire que, cette fois aussi, cela se soit joué au bout du suspense

Chose vue

Si Laval, à l’envers, fait Laval (palindrome), 35 fait 53. 53 comme la Mayenne et comme le nombre de mètres de la plus longue galette-saucisse du monde. Record battu ce matin à Changé, le précédent était de 35 mètres, 35 car réalisé en Ille-et-Vilaine. La Bretagne détrônée, probable drame local, seul le Morbihan (56) peut désormais reprendre le flambeau.

Le dico du vélo

La bordure

La bordure, c’est quand un groupe de coureurs se détache des autres à la suite d’une accélération, en présence de vent. Lorsque le vent est de côté, les coureurs, pour s’en abriter, forment un éventail, une diagonale sur la route, jusqu’à la bordure de la chaussée.

Ceux qui sont côté bordure, derrière l’éventail, n’ont personne pour les abriter et en cas d’accélération devant, ils ne peuvent pas suivre le rythme. Le peloton se divise en plusieurs groupes, il y a ce qu’on appelle des cassures.

Si le vent est de côté ce jeudi sur les routes peu arborées donc très exposées entre Levroux et Châteauroux, dans les 25 derniers kilomètres de l’étape, des équipes devraient tenter de créer des bordures.

La question du jour

Ce jeudi, le Tour prend la direction de Châteauroux. Mais pourquoi cette ville d’Indre se nomme-t-elle ainsi ?

♦ Car un grand château de pierre blanche, construit au XVe siècle le long de l’Indre, prenait des reflets orange ou roux notamment au coucher du soleil.

♦ Car un seigneur dénommé Raoul construisit un château au Xe siècle, ce qui donna «Château Raoul» avant de devenir Châteauroux.

♦ Car les jésuites, au XIIIe siècle, décidèrent de réunir tous les enfants aux cheveux roux dans un pensionnat afin de leur donner une éducation spécifique.

♦ Car le poète du XIIe siècle, Gautier de Coinci, de passage dans le bourg, dépeignit une ville «au castel roux» sans qu’on sache de quelle bâtisse il s’agit.

Réponse demain…

Réponse de la question d’hier : Palindrome (Laval).

Le profil de l’étape de demain