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Libération
Sur les routes du Tour (6/21)

Tour de France, étape 6 : à Châteauroux, Mark Cavendish de plus en plus vert

Tour de France 2021dossier
Deuxième victoire sur ce Tour pour le revenant britannique de 36 ans, qui retrouve la fraîcheur de ses jeunes années. Mathieu Van der Poel reste en jaune. La décla, la stat, le dico du vélo, le quiz... Récit d’étape du Tour de France par nos envoyés spéciaux.
Mark Cavendish et Julian Alaphilippe (Deceuninck-Quickstep), le 1er juillet à Châteauroux. (-/AFP)
publié le 1er juillet 2021 à 17h37
(mis à jour le 1er juillet 2021 à 18h51)

9 juillet 2008, Mark Cavendish a 23 ans, il sort d’un Tour d’Italie où il a remporté deux succès et se fait un nom parmi les grands sprinteurs du peloton. Au terme de 232 kilomètres entre Cholet et Châteauroux, alors coureur de l’équipe Columbia, le Britannique s’impose dans la même ligne droite que ce jeudi, sa première victoire sur le Tour de France. Trois ans plus tard, il récidive dans la cité berrichonne. Treize ans plus tard, il y lève une troisième fois les bras.

Revoir ces victoires, c’est se rendre compte comment la façon de sprinter a changé. Avant, un gros paquet arrivait à 400 m de la ligne, et le meilleur intrinsèquement l’emportait. Ce jeudi, à 400 mètres, on a deux lignes. A gauche de la chaussée, trois Deceuninck-Quick Step dont Cavendish ; à droite, trois Alpecin-Fenix dont Jasper Philipsen. Deux trains bleus dont les wagons de tête se détachent à 300 mètres puis 200 mètres pour laisser, lancés, s’exprimer les sprinteurs. Cavendish devance Philipsen sur la ligne d’arrivée. Suivent les deux Français Nacer Bouhanni (troisième podium en quatre jours) et Arnaud Démare, qui revient après sa chute dans la troisième étape. Mathieu Van der Poel reste en jaune, Cavendish conforte son maillot vert de leader du classement par points.

Après moult coups de théâtre, le Tour a semblé revenir à une certaine normalité ce jeudi, avec la percée du soleil et la montée des températures, et une étape de plaine (pour ne pas dire de transition). Un kilomètre et demi de ligne droite avant l’arrivée, pas de routes étroites sur le parcours, pas de chute. On a toujours en tête les images de la première étape, les coureurs par terre et leurs vélos qui s’enchevêtrent. Sur la route des châteaux, avant Chenonceaux, les coureurs ont traversé la ville d’Amboise, parée de jaune, de vert, de blanc à pois rouges, lors de la journée la plus chaude depuis le départ de Brest. Pas d’eau qui tombe du ciel et, entre les champs de tournesol, de blé, les ceps de vigne et la chaussée, peu d’eau qui tombe dans les gorges des spectateurs. De la bière et du vin, Vouvray en début d’étape, Valençay vers la fin, deux V annonçant la victoire de Mark Cavendish, des caves au «Cav».

L’homme de l’île de Man signe son deuxième succès sur ce Tour, et probablement pas le second : d’autres devraient suivre. Avec 32 victoires depuis 2008, il n’est plus qu’à deux longueurs du record absolu sur le Tour de France détenu par Eddy Merckx. Et d’ici à Paris, cinq étapes ont un profil favorable à une arrivée au sprint. Jusque-là, aucune n’a souri aux échappés partis de loin. Ce jeudi, Roger Kluge (Lotto Soudal) et Greg van Avermaet (AG2R Citroën) ont résisté, grâce au léger vent de dos, jusqu’à 2,5 kilomètres de la ligne.

A 36 ans, revenu de cinq saisons sans performance notable, physiquement à la peine puis victime de dépression, Cavendish a retrouvé ses jambes de 20 ans. Miracle opéré, aussi, par les équipes sportives et médicales de Deceuninck-Quick Step. L’équipe de Julian Alaphilippe remporte ce jeudi soir sa troisième victoire en six étapes sur le Tour 2021. Cavendish, recyclé, devient collecteur de vert.

Chose vue

Au moins cinquante. C’est le nombre de maillots de champion du monde que vend Mia, qui tient une boutique itinérante, chaque matin, dans la ville départ, Tours ce jeudi. On y trouve des tenues de cette année, de l’an dernier, des polos, des casquettes… Mais c’est la tunique de Julian Alaphilippe (vendue entre 80 et 130 euros) qui a le plus de succès. Le maillot à 130 euros, Mia dit l’acheter par palettes à 65 euros HT l’unité auprès du fabricant Vermarc. On retrouve des maillots similaires sur des sites spécialisés dans la vente d’objets en ligne à 300 voire 400 euros. Cela froisse Yoann, un collectionneur de maillots rencontré ce jeudi matin. Alors qu’il attendait de faire signer, par Peter Sagan, un vieux maillot porté par le sprinteur slovaque, il déplorait l’envolée des prix des tuniques en ligne.

La décla

Allez «Opi-Omi» signifierait allez «Papy-Mamy» en langue allemande.

—  Le procureur de Brest, ce mercredi en conférence de presse, après la garde à vue de la jeune femme recherchée. «Elle cherchait à adresser un message affectueux à l’attention de ses grands-parents, spectateurs inconditionnels et assidus du Tour de France.» (merci Sherlock)

La question du jour

Ce vendredi, le Tour emprunte pour la première fois le signal d’Uchon, col niché dans les hauteurs du Creusot, dans le Morvan. Ce sera surtout, avec ses 249 kilomètres, la plus longue étape du Tour de France depuis une vingtaine d’années. Quelle est l’étape la plus longue parcourue par les coureurs depuis 1903 ?

♦ Les Sables-d’Olonne-Bayonne : 482 km

♦ Auxerre-Brest : 699 km

♦ Lille-Perpignan : 1 057 km

♦ Amsterdam-Andorre : 1 275 km

Réponse de la précédente : Car un seigneur dénommé Raoul-le-Large construisit un château avant 917.

Le profil de l’étape de demain

La stat : 3

C’est le nombre maximum de coureurs qui ont le même nom de famille sur le Tour. Des Martin. Tony, Allemand de Jumbo-Visma, Dan, Irlandais d’Israel Start-up Nation et Guillaume, Français de chez Cofidis. Aucun coureur du Tour n’est prénommé Martin. Par ailleurs, d’autres coureurs ont un nom de famille qui est aussi un prénom : Mark Donovan, Geraint Thomas, Julien Simon, Pierre Rolland, Philippe Gilbert et Lucas Hamilton. On acceptera aussi Michael Matthews et Simon Clarke dans des graphies certes douteuses.

Le dico du vélo

Le coup de cul

Il n’a rien à voir avec la chance. Tout à voir avec les fesses. Le coup de cul, c’est quand la route s’élève assez pour que le coureur doive se lever de sa selle pour passer plus facilement la bosse avant de se rasseoir. C’est l’affaire de deux, trois secondes. On parle d’une petite bosse, on n’est pas en haute montagne où dans les cols, certains grimpeurs adoptent une position debout sur une plus longue durée, ils sont alors en danseuse.