C’est en solitaire qu’elle a franchi la ligne d’arrivée à Morteau, dans le Doubs, ce vendredi 16 août. Une performance déjà historique pour la cycliste Cédrine Kerbaol, qui a attaqué à 15 kilomètres de l’arrivée : la jeune Bretonne est la première Française à s’imposer sur la route du Tour depuis la renaissance de la compétition, en 2022.
Avant elle, il faut remonter à Jeannie Longo, en 1989, pour retrouver trace du dernier succès d’une coureuse locale sur l’une des préfigurations de cette compétition. A 23 ans, Cédrine Kerbaol, victorieuse dans cette sixième étape du Tour de France, s’invite sans complexe à la table des grandes d’une épreuve qui confirme son immense talent, un an après avoir remporté le maillot blanc de la meilleure jeune.
Issue d’une famille «très sportive», celle qui est venue au vélo via le VTT après avoir pratiqué l’escalade et le surf, porte un regard lucide et bienveillant sur l’évolution du cyclisme féminin. «Aujourd’hui, les filles peuvent vivre du cyclisme, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années encore. Tout va dans le bon sens même si les moyens restent très limités par rapport aux hommes», constate-t-elle. Et d’ajouter : «La nouvelle génération de coureuses a beaucoup de chance».
Reportage
«Il y a des attentes me concernant mais je trace ma route»
Deuxième du classement général à seulement 16 secondes de la Polonaise Katarzyna Niewiadoma avant d’aborder les Alpes, la Bretonne est la sensation de cette semaine. Dimanche, à Rotterdam, la veille du départ de la compétition, elle avait pourtant déclaré ne pas avoir «encore le niveau des dix meilleures». Pourtant, depuis près d’une semaine de ce Tour de France, la jeune leader de l’équipe allemande Ceratizit roule avec les cadors.
Si elle a perdu quelques plumes lors de la 4e étape dans les côtes de la Redoute et de la Roche-aux-Faucons en direction de Liège, la Brestoise a marqué les esprits en terminant à cinq secondes seulement (4e) de la star Demi Vollering dans le contre-la-montre de mardi. «C’est un truc de dingue. C’est ouf !», s’était-elle félicitée. Avant d’ajouter : «C’est sûr que depuis mon maillot blanc de l’année dernière, on me regarde un peu différemment, qu’il y a des attentes me concernant mais je trace ma route, je progresse pas à pas.»
Analyse
Partie en stage dans les Pyrénées avant le Tour, puis trois autres semaines en altitude avant le Giro qu’elle a abandonné dès la quatrième étape, Kerbaol est bien partie pour faire beaucoup mieux qu’il y a un an, animée en outre par un sentiment de revanche après sa non-sélection pour les Jeux olympiques de Paris. «J’ai été extrêmement déçue, c’est vrai, même si je n’en veux pas au sélectionneur Paul Brousse. Je pense que j’avais ma place aux Jeux. Mais les échecs, les déceptions, tout cela me renforcent. Et je suis arrivée au Tour avec la rage», a-t-elle expliqué.
Samedi, les choses sérieuses commencent : Cédrine Kerbaol va s’attaquer à la haute montagne (au Grand-Bornand) et dimanche (à l’Alpe-d’Huez). Mais la cycliste française est prête : «J’ai beaucoup travaillé en montagne ces dernières semaines. J’espère que ces efforts vont payer.»