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Décryptage

Tour de France : pourquoi les coureurs ont mis pied à terre au début de la quatrième étape

Tour de France 2021dossier
Après les chutes massives survenues depuis le départ de la Grande Boucle samedi, un vent de colère souffle dans le peloton. Les coureurs réclament d’être mieux protégés et n’ont pas disputé la course lors des premiers kilomètres de l’étape de ce mardi.
Le peloton arrêté une minute au départ de la quatrième étape pour protester contre les conditions de course, à Redon, le 29 juin. (Frederic Mons/Presse Sports)
publié le 29 juin 2021 à 15h30

Une minigrève. Pour marquer le coup ce mardi au départ de la quatrième étape du Tour de France, les coureurs ont organisé une action symbolique consistant à neutraliser la course lors des premiers kilomètres – au grand bonheur des Bretons du coin, qui ont pu avoir le loisir de voir passer un peloton au ralenti. Arrivé au départ réel, le peloton, peu unanime sur la marche à suivre, a lentement continué son chemin avant de mettre pied à terre, pendant une minute, à l’initiative du sprinteur allemand André Greipel (Israel Start-Up Nation), avant de repartir au ralenti. Le Tour est émaillé depuis son départ samedi à Brest de lourdes chutes. Retour sur les raisons de cette colère.

Que s’est-il passé ?

Lundi, lors de l’étape reliant Lorient à Pontivy (Morbihan), tandis que la chaussée était détrempée et la route sinueuse, plusieurs violentes chutes ont émaillé la course. Des gros bonnets tels que Geraint Thomas, Primoz Roglic ou Caleb Ewan, notamment, sont allés au sol. Le premier a eu l’épaule luxée, le deuxième des grosses contusions sur les fesses et le troisième, la clavicule fracturée, abandonne dans la foulée.

Ces chutes en cascade sur une étape «de plaine» (dixit l’organisateur ASO) sont intervenues dans un contexte déjà marqué par la nervosité du peloton. Samedi lors de la première étape, une spectatrice imprudente a envoyé à terre une bonne partie du peloton, première des deux chutes massives du jour.

Pourquoi les coureurs ont-ils neutralisé la course ?

Une règle de l’Union cycliste internationale (UCI) veut que, en cas de chute, les temps de course sont neutralisés dans les trois kilomètres précédant l’arrivée d’une étape plate pour éviter que tous les types de coureurs (sprinteurs, leaders, etc.) ne jouent la gagne et provoquent des chutes à vive allure. Les coureurs ont demandé l’extension à 5 kilomètres ce lundi en raison d’un virage sinueux en descente à 4 kilomètres de l’arrivée. Une requête acceptée par l’organisateur de l’épreuve, mais refusée par l’UCI, car non réglementaire. Ça n’a pas loupé, chute au passage des coureurs, provoquant la colère après-coup.

Quelles sont les pistes pour minimiser les risques de chutes massives en début de Tour de France ?

L’anticipation et la concertation des différents acteurs, d’abord. Le parcours du Tour est annoncé neuf mois avant la compétition : pour Cédric Vasseur, manager de Cofidis, «cela laisse le temps aux représentants des coureurs d’alerter sur les difficultés du parcours pour trouver un compromis en amont».

Un règlement plus souple, ensuite. Vincent Lavenu, manager d’AG2R Citroën, souhaite graduer la distance de neutralisation des temps en fonction des étapes. «Trois kilomètres, cinq kilomètres, huit kilomètres par exemple, pour prendre en compte les contraintes du parcours et permettre aux équipes intéressées par le classement général de décrocher un peu plus tôt.»

Autre éventualité : limiter les arrivées en centre-ville. Les éléments de voirie, les îlots directionnels, les rues étroites, voire le mélange de ces ingrédients, maximisent la probabilité de chute. Décentrer les arrivées permet d’emprunter des chaussées plus larges. «Mais ne pas passer au cœur des villes est regrettable», selon Thierry Gouvenou, directeur de la course et traceur du parcours.

Dernière piste : un profil d’étape moins ouvert. Samedi, lors de l’arrivée à Landerneau, tout le monde voulait être devant. Sprinteurs qui passent bien les bosses, puncheurs, et candidats au classement général. Une arrivée pour grimpeurs permet de limiter le risque de chute, car les prétendants à la victoire sont peu nombreux. La solution d’un contre-la-montre (un prologue, s’il est très court) permet de créer des écarts, sans contact entre les coureurs. C’est la solution retenue l’an prochain pour débuter le Tour à Copenhague, au Danemark.