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Tour de Lombardie 2024 : Tadej Pogacar en Coppi conforme et chloroforme

Comme son prédécesseur italien dans les années 1940, le leader de l’équipe UAE Team Emirates s’est adjugé sa quatrième Classique des feuilles mortes d’affilée, mettant fin à une saison pleine comme à une certaine idée du suspense en cyclisme.
Tadej Pogacar dans la montée de Colma Di Sormano, ce samedi 12 octobre. (Marco Bertorello/AFP)
publié le 12 octobre 2024 à 17h05

Pour savoir comment se déroulerait le Tour de Lombardie ce samedi 12 octobre, il suffisait d’ouvrir les quotidiens sportifs du matin à la page cyclisme. Ou de compulser les sites spécialisés depuis trois semaines, soit le moment où Tadej Pogacar s’est emparé du maillot de champion du monde à Zurich. Il ne restait au Slovène qu’à remporter l’épreuve lombarde, dernier monument de la saison, pour achever une année pleine. Une formalité, puisqu’il l’avait déjà remporté les trois années précédentes. Et comme c’était écrit, c’est ce qu’il fit : le coureur de l’équipe UAE Team Emirates a remporté ce jour la Classique des feuilles mortes pour la quatrième fois de rang. Un exploit réalisé qu’une seule fois avant lui, par la légende du cyclisme italien Fausto Coppi, entre 1946 et 1949.

Pour savoir comment Tadej Pogacar allait faire, il suffisait là encore de lire la presse, ou d’avoir regardé la plupart des courses auxquelles il a participé depuis le début de la saison. Le Slovène allait se servir du Colma di Sormano, l’avant-dernière difficulté de la journée, comme rampe de lancement pour s’isoler du commun des mortels et parcourir grosso modo 50 bornes en solitaire. Le seul suspense résidait peut-être là : à combien de kilomètres précisément de l’arrivée Pogacar allait-il allumer les gaz ? 48,5, donc. L’autre question chiffrée : quel écart allait-il mettre à son premier poursuivant ? Plus de trois minutes sur Remco Evenepoel, le Belge à l’histoire particulière sur le Lombardie, qui n’a jamais pu reprendre du temps, même sur le plat. L’Italien Giulio Ciccone complète le podium à Côme.

Impressionnant, inquiétant, ennuyeux

En s’imposant en Lombardie paré de son maillot arc-en-ciel, Tadej Pogacar a conclu une année irréelle. Victoire sur le Tour de France (son troisième), victoire sur le Tour d’Italie (son premier), victoire à Liège-Bastogne-Liège (son deuxième), victoire aux championnats du monde… Cette année, il est plus simple de compter les courses sur lesquelles Pogacar s’est aligné et qu’il n’a pas gagnées : Milan-San Remo, le Grand Prix de Québec et les Trois Vallées Varésines. Encore que cette dernière, c’est parce que les trombes d’eau qui se sont déversées sur l’Italie ont fait suspendre la course. Une autre façon de situer Pogacar, c’est de constater qu’il a marqué plus de 12 000 points au classement de l’Union cycliste internationale en 2024. Soit, à lui seul, plus que des équipes entières de 30 coureurs. Impressionnant, sans doute. Inquiétant, peut-être. Ennuyeux, assurément.