Le bidon jaune avait surgi de la foule dimanche à 33 km de l’arrivée, lancé par un spectateur sur le bas-côté. Il avait fini sa course, après quelques tours en l’air, en plein visage d’un Mathieu van der Poel qui filait sur les pavés de Paris-Roubaix à plus de 40 km/h, chassé par un Slovène qui se rapprochait dangereusement. Les conséquences auraient pu être dramatiques. Pour la course, d’abord, si van de Poel avait perdu le contrôle de son vélo et chuté à pleine vitesse sur les blocs de béton. Pour la santé du coureur néerlandais aussi, et pour les spectateurs qui auraient pu se prendre ses 75 kilos de plein fouet.

Heureusement, rien de tout ça ne s’est passé : Mathieu van der Poel est resté cramponné sur le cintre, n’a pas dévié de sa trajectoire et a remporté, une grosse demi-heure plus tard, son troisième Paris-Roubaix d’affilée. Mais après l’arrivée, le petit-fils de Raymond Poulidor a quand même (et à raison) fulminé, assurant qu’il allait engager des poursuites judiciaires contre le spectateur en question après cette «tentative d’homicide» : «C’est inacceptable. C’était un bidon plein, il pesait un demi-kilo et je roulais à 40 km/h. C’est comme recevoir une pierre dans la figure. Ça m’a fait très mal. J’espère que nous pourrons identifier le spectateur et engager des poursuites.»

Ce lundi 14 avril, les médias belges rapportent qu’une personne, se présentant comme étant le spectateur qui a lancé le bidon, s’est rendue dans un commissariat du pays la veille au soir. D’après le parquet de Flandre-Occidentale, il s’agit d’un homme de 30 ans, néerlandophone, qui aurait justifié son geste par un «accès de folie» qu’il regrette. Le parquet de Lille a confirmé lundi avoir ouvert une enquête pour «violence avec arme». Le parquet n’a cependant pas donné plus d’informations sur cette enquête à ce stade.

Le cyclisme ayant la particularité d’avoir des spectateurs particulièrement proches des sportifs (impossible d’installer à chaque course 250 km de barrières), ce genre d’incident est malheureusement récurrent. Christopher Froome avait par exemple reçu de l’urine à la figure pendant le Tour de France 2015 par un spectateur l’accusant d’être dopé. Eddy Merckx avait même été frappé au ventre par une personne du public lors de l’ascension du Puy-de-Dôme sur la Grande boucle en 1975.

Mathieu van der Poel est probablement depuis deux ans le coureur le plus ciblé par les excès des fans. En 2023, lors d’une épreuve de cyclo-cross (sa spécialité) aux Pays-Bas, le Néerlandais avait reçu de l’urine et de la bière de la part de spectateurs. On lui avait aussi craché dessus sur le Tour des Flandres 2024 et lors d’une course début 2025. Enfin, une spectatrice lui avait jeté une casquette dessus lors de Paris-Roubaix l’année dernière.

Mise à jour à 20h59 avec l’annonce de l’ouverture de l’enquête.