L’Inde est loin d’être une puissance sportive : aux Jeux olympiques, sa moisson se limite à trente-cinq médailles depuis l’indépendance du pays en 1947. Le sport national, le cricket, est certes exclu du programme depuis 1900 (il pourrait faire son retour à Los Angeles en 2028). Mais le pays se distingue dans un autre classement : celui du nombre de violations des règles établies par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Son rapport 2020, publié en mai, place l’Inde au deuxième rang de cette «discipline», tous sports confondus, derrière l’intouchable Russie.
Derrière le sourire de Neeraj Chopra, champion du monde 2023 et tenant du titre olympique 2021 du lancer de javelot, l’athlétisme du sous-continent apparaît gangrené par l’usage de substances interdites. Les championnats d’athlétisme de l’Etat de Delhi, disputés de dimanche à mardi, l’ont montré jusqu’à la caricature.
Epidémie de crampes
Le 100 m n’a été disputé que par un seul concurrent, les sept autres qualifiés ayant brusquement déclaré forfait, prétextant des crampes. Même scénario avec le lancer de marteau des moins de 16 ans : un seul candidat était en lice pour la finale. Encore un gag ? Dans une épreuve de steeple junior, une coureuse a redoublé de vitesse après avoir franchi la ligne pour échapper à un agent antidopage.
A MUST WATCH VIDEO:
— masterofnone (@parthgoswami84) September 26, 2023
Finalists of 100mts Men were informed that Anti Doping officials would be collecting samples. Out of 8 finalists, only 1 showed up for the final. Cleaning sports is extremely important. Athletes should never resort to Doping. #cleansports #dopefreesports pic.twitter.com/gSqSaM27O2
Une opération de l’Agence antidopage indienne (Nada), mardi sur le stade Jawaharlal Nehru de New Delhi, est en effet à l’origine de la débandade des athlètes. La veille, une vidéo postée sur les réseaux sociaux avait montré un vestiaire jonché de seringues et de boîtes d’érythropoïétine (EPO). Le jeune sprinteur Lalit Kumar, 20 ans, s’est ainsi retrouvé seul à disputer le 100 m. Qu’il n’a pas officiellement remporté : les résultats ne sont homologués que si un minimum de trois coureurs participe à l’épreuve.
Médicament détourné
Mardi, troisième et dernier jour de la compétition, le nombre de participants avait diminué de moitié. Le secrétaire de la Fédération régionale d’athlétisme de Delhi, Sandeep Mehta, a cependant prévenu que les agents de l’instance antidopage pouvaient aussi tester les sportifs qui se sont évaporés. «Nous bannirons les athlètes positifs et recommanderons à la Fédération nationale d’athlétisme de faire de même», a-t-il ajouté.
De nombreux scandales de dopage ont secoué récemment le sport indien à l’occasion de Jeux olympiques, de Jeux asiatiques ou des Jeu du Commonwealth. Quelque 45 athlètes testés positifs ont été suspendus depuis le début de l’année. La très populaire haltérophile Sanjita Chanu, deux fois championne des Jeux du Commonwealth, a écopé cette année d’une suspension de quatre ans après avoir été testée positive à la drostanolone, un anabolisant à l’origine employé pour soigner les cancers du sein.