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Libération
Génération dorée

Euro de basket 2025 : les Bleus ont des prodiges à revendre

Amputée de plusieurs de ses cadres, dont Victor Wembanyama et Evan Fournier, l’équipe de France peut tout de même prétendre au titre à l’Euro, qui commence ce mercredi 27 août, portée par sa jeune génération qui arrive à maturité.
Pendant un match amical France-Espagne, remporté 78-73 par les Bleus, à Paris le 16 août. (Martin Lelievre /AFP)
publié aujourd'hui à 7h02

Si d’aventure, vous n’aviez plus revu les Bleus du basket depuis un triste soir de finale olympique, perdue contre les Etats-Unis l’année dernière, il y a de fortes chances que vous soyez un peu perdus au moment de les retrouver à l’occasion de l’Euro 2025, qui débute ce mercredi 27 août. Au moment de fouler les lattes de Katowice en Pologne, et démarrer les phases de poules face à la Belgique jeudi, ils ne seront que trois Bleus rescapés de Paris 2024. Hormis le capitaine Guerschon Yabusele, Bilal Coulibaly, et Isaïa Cordinier, les neuf autres ne seront pas du voyage pour tout un tas de raisons.

Il y a les néo-retraités Nicolas Batum et Nando de Colo, les blessés de longue date (Mathias Lessort, Andrew Albicy, Evan Fournier) ou récent (Matthew Strazel, touché à la cuisse lors d’un match de préparation face à l’Espagne). Victor Wembanyama est certes remis de sa thrombose, mais s’estime trop juste pour reprendre aussi vite la compétition. Rudy Gobert a, lui, invoqué des raisons personnelles.

Une équipe A décimée. Et pourtant, ces Bleus millésime 2025 figurent toujours parmi les prétendants sérieux à la victoire finale, douze ans après leur seul succès européen. La fédération internationale de basket (Fiba), qui établit son traditionnel «Power ranking», un classement prévisionnel des favoris, les classe troisième derrière la Serbie de Nikola Jokic et les champions du monde allemands.

Faut-il s’en étonner ? Depuis le dernier Euro en 2022, lui aussi conclu par une défaite en finale contre les Espagnols, la nouvelle génération a éclos. Les Jeux de Paris ont acté le chapitre 1 du renouvellement, avec Victor Wembanyama, Bilal Coulibaly et Matthew Strazel propulsés au cœur du réacteur. Les départs de Batum et de Colo ont en outre laissé deux places vacantes.

«On entre dans une nouvelle ère»

C’est assez peu, tant la France dispose désormais d’une profusion de talents susceptibles d’occuper un strapontin. Rien qu’en 2025, quatre novices ont été lancés dans le grand bain : les numéros 1 et 2 de la draft 2024, Zaccharie Risacher et Alexandre Sarr (20 ans tous les deux), Ousmane Dieng (22 ans), sacré champion NBA avec Oklahoma en juin, ou encore le pivot de Charlotte, Moussa Diabaté (23 ans). Lui aussi retenu par le sélectionneur Frédéric Fauthoux, l’ailier fort du Maccabi Tel-Aviv, Jaylen Hoard, compile à peine dix capes avec les Bleus.

Avec 25,5 ans de moyenne d’âge, la France affiche le plus jeune effectif de la compétition. Le plus inexpérimenté, aussi : le cumul des sélections des 18 convoqués au début de l’été n’atteignait même pas la moitié du nombre de celles des 12 joueurs aux JO.

«On entre dans une nouvelle ère, avec beaucoup de jeunes joueurs, mais on veut continuer ce que les anciens ont déjà réalisé», analyse l’arrière parisien Nadir Hifi, 23 ans, deux sélections à son actif. Meilleur joueur et vainqueur du championnat de France avec le Paris Basket, Hifi n’avait même pas été retenu dans la liste des 12, avant d’être rappelé après le forfait de Strazel. Illustrant les casse-tête qui se présentent au successeur de Collet, contraint de procéder à des choix radicaux alors qu’il n’est question que d’une équipe bis.

Un problème de riche, plutôt inédit. «Il y a vraiment une forme de maturité par rapport à la haute compétition qui arrive plus tôt» que les générations passées, estime Jacques Commères, directeur de la performance au sein de l’équipe de France. L’assistant de Claude Bergeaud en 2005 et de Vincent Collet entre 2011 et 2014 loue un système français efficace, des cursus aboutis et la formation de «joueurs avec une valeur technique, athlétique, beaucoup plus précoce qu’avant».

Tous les matchs de préparation remportés

Autre «élément caractéristique» de cette génération, c’est qu’elle «n’a absolument pas froid aux yeux. Les joueurs sont pleinement engagés et veulent attaquer cette compétition en se fixant des objectifs eux-mêmes très élevés», assure Jacques Commères. Ce que tendent à confirmer les cinq matchs de préparation, tous remportés. Et quelques enseignements à tirer déjà pour Fauthoux, qui évoque «un groupe, une équipe, une hiérarchie à construire».

Des novices, le plus en vue a sûrement été Alexandre Sarr. L’intérieur au profil comparable à celui de «Wemby» – 213 centimètres qui vous bloquent l’accès au panier couplés d’une grande mobilité et d’une adresse à 3 points redoutable – pourrait offrir une association diabolique à l’avenir dans la raquette française. Pour son baptême contre le Monténégro, il a planté 19 points en quatorze minutes.

Ces matchs confirment aussi l’apport d’autres jeunes confirmés. Notamment Théo Maledon, 24 ans, 23 sélections mais souvent bloqué à son poste. Le nouveau meneur du Real Madrid, qui sort de sa meilleure saison en carrière avec l’Asvel et devrait être titulaire à l’Euro, a livré plusieurs prestations convaincantes. De quoi faire dire à Guerschon Yabusele qu’il «y a quelque chose de grand à aller chercher».