Noël Le Graët n’a pas dit son dernier mot. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera, a été mise en examen en décembre dans l’enquête de la Cour de justice de la République (CJR) après la plainte en diffamation de l’ex-patron de la Fédération française de football (FFF), a-t-on appris ce jeudi 14 mars de source proche du dossier, confirmée par le parquet général de la Cour de cassation.
Une information judiciaire est ouverte depuis le 21 juin à la CJR, seule juridiction habilitée à juger les ministres dans l’exercice de leurs fonctions, pour examiner la plainte de l’ex-patron du foot français, qui reproche à la ministre des propos tenus en février 2023 sur sa gestion de la Fédération française de football (FFF).
Dans un communiqué, Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation, qui fait office de ministère public à la CJR, a confirmé la mise en examen de la ministre par la commission d’instruction pour «diffamation publique envers un particulier». L’avocat d’Amélie Oudéa-Castera n’a pas souhaité commenter. Celui de Noël Le Graët n’était pas joignable immédiatement.
A l’ouverture de l’information judiciaire, le ministère des Sports avait assuré que Amélie Oudéa-Castera était «sereine» et «prête à répondre», ce qu’elle a fait «publiquement et à différentes reprises ces derniers mois, aux accusations infondées de Noël Le Graët».
Accusation de harcèlement
Noël Le Graët avait démissionné en février 2023 avec fracas de la FFF, qu’il dirigeait depuis 2011, après un rapport d’audit accablant de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur sa gestion, sur fond d’accusations de harcèlement sexuel. Les inspecteurs de l’IGESR estimaient dans ce rapport que Le Graët «ne [disposait] plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français», compte tenu notamment de son «comportement inapproprié […] vis-à-vis des femmes».
Décryptage
Quelques heures après son départ, son avocat avait annoncé une plainte, affirmant que Amélie Oudéa-Castera avait «menti» sur ce rapport et pointant du doigt une différence entre la synthèse du document, publiée le 15 février et qui évoquait l’envoi par Noël Le Graët de «SMS ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d’autres», et son intégralité. Le rapport n’a jamais été rendu public.