«Moi aussi, je suis un gros fils de pute.» C’était en juillet 2014. En plein match de Coupe du monde. Luis Suarez se tient les dents comme s’il avait croqué un caillou. Giorgio Chiellini arrache son maillot et montre son épaule gauche. Une morsure. La trace colle : les chicots de l’Uruguayen se sont baladés de ce côté-ci. Il prend quatre mois à l’ombre. Chiellini, lui, demande à la Fifa de réduire cette suspension. Plus tard, dans son autobiographie, Moi, Giorgio, l’Italien revient sur «ce jour-là», où «rien d’étrange ne s’est produit» : pourquoi en vouloir à Luis Suarez puisqu’il est fait du même bois ? «Suarez et moi sommes similaires. J’admire sa malice, s’il la perdait, il deviendrait un attaquant normal. Après quelques jours, nous nous sommes téléphoné et nous n’avons pas eu besoin de nous excuser. Et j’en suis fier : la malice fait partie du football.»
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«Menteur !»
Chiellini, c’est d’abord une gueule. Un nez de boxeur. Des omoplates recroquevillées. Des jambes toutes raides. C’est aussi un marlou dès la dégaine : un type qui court et passe le ballon de cette façon ne peut pas être un footballeur professionnel. Il arrache en douce les cheveux de ses rivaux. Il les fouette avec ses coudes. Mais Chiellini fait tout ça en souriant. Un sourire vrai. Un sourire de papa. Alors tout le monde l’aime. Le capitaine italien mène ce dimanche soir ses coéquipiers au-devant des Anglais en finale de l’Euro, en terrain ennemi à Wembley, au terme d’un beau parc