A force de lancer des balles de tennis sur les terrains, les fans des stades allemands ont obtenu ce qu’ils voulaient : que les dirigeants ne «vendent pas la Bundesliga aux investisseurs». Toutes les discussions avec le fonds de capital-investissement luxembourgeois CVC, dernier candidat encore en lice, ont été stoppées net, mercredi 21 février. «On ne pouvait plus tenir», a expliqué Hans-Joachim Watzke, le président de la Deutsche Fussball Liga, la Ligue allemande de football. «On n’a plus besoin de procéder à un vote quelconque. Tout le processus a échoué», a-t-il déploré.
Les fans, notamment les ultras dans les virages, ont réussi à perturber pratiquement chaque match de la Bundesliga 1 et 2 (en première et deuxième division). Depuis des mois, ils jetaient sur le terrain des balles de tennis ou des pièces de monnaie en chocolat, obligeant les services d’ordre à les récupérer avec des seaux et les arbitres à interrompre régulièrement la partie.
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Pour les fans, qui ont déjà fait plier les dirigeants sur la tenue des matchs le lundi (idée abandonnée depuis), c’est une grande victoire contre le «foot TikTok», comme ils disent, où la commercialisation est plus importante que le sport lui-même. «Le football appartient aux clubs et à leurs supporteurs et pas à des riches investisseurs qui veulent encore plus s’enrichir. C’est un grand jour pour le football allemand», a réagi le porte-parole de l’association «Notre virage» (Unsere Kurve), Thomas Kessen.
«Les fans ont démontré avec cette victoire qu’ils seront incontournables désormais comme interlocuteurs. Les dirigeants ne pourront plus jamais rien faire dans le dos», analyse le rédacteur en chef du mensuel de football 11 Freunde, Philipp Köster, avant d’ajouter : «Maintenant, il va falloir trouver de l’argent ailleurs pour que la Bundesliga reste dans la cour des grands.»