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Chants homophobes pendant le match entre Saint-Etienne et Strasbourg : le gouvernement saisit la Ligue

Le collectif «Rouge direct» a interpellé dimanche le gouvernement après que des supporteurs stéphanois ont lancé des chants homophobes la veille. Si le ministre des Sports a demandé l’arrêt des matchs en cas de problème, Bruno Retailleau, lui, avait estimé que ce n’était «pas la bonne solution».
La rencontre de Ligue 1 entre l'AS Saint-Etienne et le RC Strasbourg au stade Geoffroy-Guichard le samedi 2 novembre a été entachée de chants homophobes. (Frédéric Chambert / Panoramic / Bestimage/Frédéric Chambert / Panoramic / Bestimage)
publié le 4 novembre 2024 à 11h20

Il y a les déclarations et puis il y a la pratique. Othman Nasrou, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur, a demandé dimanche 3 novembre dans la soirée à la Ligue de football professionnel d’expliquer «pourquoi le match Saint-Etienne-Strasbourg n’avait pas été interrompu» la veille. Dans un message posté sur le réseau social X, le secrétaire d’Etat a rappelé qu’avec Bruno Retailleau et le ministre des Sports, Gil Avérous, ils avaient «dit aux instances du football [leur] détermination à faire cesser les chants homophobes».

C’est le collectif «Rouge direct» qui, dimanche, a interpellé le gouvernement dans un message diffusé sur X accompagné d’une vidéo des chants. Ceux-ci étaient adressés aux Lyonnais, rivaux historiques des Stéphanois, alors que les deux équipes doivent se rencontrer dimanche prochain à Lyon. «Nous demandons au ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et au ministre des Sports, Gil Avérous, ainsi qu’à la Ligue de football professionnel d’agir enfin. De nouvelles plaintes seront déposées contre la LFP et DAZN dès lundi», a écrit le collectif.

Le 24 octobre, Bruno Retailleau avait réuni au ministère de l’Intérieur les dirigeants du football professionnel français, en présence de Gil Avérous et d’Othman Nasrou. A l’issue de cette réunion, le ministre des Sports avait demandé aux instances du football d’appliquer strictement le protocole de la Fifa, qui prévoit une gradation allant de la suspension de la rencontre jusqu’au match déclaré perdu par l’équipe qui reçoit en cas de problèmes (homophobie, racisme, violences…). Difficile néanmoins de faire respecter l’injonction quand le ministre de l’Intérieur lui-même avait jugé qu’«arrêter les matchs» était «très compliqué» et n’était «pas la bonne solution» – des propos tenus le 24 octobre au soir sur RMC.

Le gouvernement contre les sanctions collectives

Dans les faits, depuis cette date, aucun match de Ligue 1 ou de Ligue 2 n’a été interrompu ne serait-ce que temporairement alors que des chants homophobes sont régulièrement entendus dans les stades. En 2019, plusieurs matchs professionnels avaient été interrompus jusqu’à ce que le président de la Fédération française de football de l’époque, Noël Le Graët, ne demande aux arbitres de ne plus stopper le jeu, estimant que «les méthodes [pour] punir sans arrêt accentuent [les comportements problématiques]».

Se déclarant contre les sanctions collectives, le gouvernement a également annoncé le 24 octobre sa volonté «d’individualiser les sanctions» et d’«activer la billetterie nominative». «Chaque spectateur devra avoir une place avec son nom pour qu’on puisse repérer d’où viennent les chants, les propos et pour identifier ceux qui font l’objet d’interdictions de stade», a alors détaillé Gil Avérous. La mesure devrait être effective d’ici au 31 décembre pour le PSG, l’OM et l’OL, puis progressivement entrer en vigueur dans le reste des stades de Ligue 1 et de Ligue 2 au cours de l’année prochaine.