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Libération
Sans eux

Mondial au Qatar: la FFF se rebiffe face aux accusations des ONG

Coupe du monde 2022 au Qatardossier
Amnesty International avait annoncé soutenir les Danois dimanche face à la France, dénonçant le silence de l’équipe de France sur les travailleurs migrants au Qatar.
Didier Deschamps et les joueurs de l'équipe de France à l'entraînement à Clairefontaine en mai dernier: Kylian Mbappe, Moussa Diaby et Christopher Nkunku. (Franck Fife /AFP)
publié le 24 septembre 2022 à 11h43
(mis à jour le 24 septembre 2022 à 17h16)

«Participer ne signifie pas fermer les yeux et cautionner», a réagi samedi la Fédération française de football (FFF), critiquée par des ONG pour son attentisme sur la question des travailleurs migrants au Qatar, pays hôte d’une Coupe du monde plus que polémique.

L’instance dirigée par Noël Le Graët, fragilisé depuis une enquête évoquant des faits de harcèlement sexuel, assure avoir pris ses dispositions pour ne pas cautionner d’éventuelles dérives. Elle explique avoir «mis en œuvre différentes mesures de vérifications concernant le respect des droits sociaux et l’application de conditions de travail respectueuses sur le camp de base de l’équipe de France» au Qatar.

La FFF et l’équipe de France «n’ont pas attendu l’échéance prochaine de la Coupe du monde au Qatar pour défendre au quotidien, sur le terrain, et à leur niveau, les droits de l’homme, ainsi que d’autres causes essentielles», peut-on lire dans un communiqué.

«L’organisation de cette Coupe du monde a cependant permis des avancées sociales au Qatar que même certaines ONG reconnaissent, y compris Amnesty International. Même si la réalité du terrain n’est pas parfaite, ces progrès sont indéniables et positifs», affirme la Fédération, qui déplore une «campagne de stigmatisation».

«Chers Bleus»

«La FFF sort enfin de son silence sur la question des droits humains au Qatar», a réagi dans la foulée Amnesty International France dans un communiqué transmis à l’AFP. «Nous nous réjouissons que la FFF exerce son devoir de vigilance envers les prestataires de services avec lesquels elle sera en lien au Qatar», affirme Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty International France.

Vendredi, Amnesty International avait annoncé qu’elle soutiendrait l’équipe de football du Danemark contre la France dimanche. «Chers Bleus, dimanche vous affronterez l’équipe du Danemark, lors d’un match qui se présente comme une répétition générale de la Coupe de monde de football masculin. Mais pour nous, à Amnesty International France, la team danoise est la grande favorite pour remporter le challenge de l’engagement», écrit l’ONG dans une lettre ouverte aux internationaux français diffusée vendredi soir.

«Didier Deschamps, votre sélectionneur, que nous avions également contacté, avait pourtant annoncé ce même jour en conférence de presse que vous étiez libres de votre parole, et qu’il ne s’opposerait pas à des interpellations de joueurs envers le Qatar ou la fédération française», rappelait l’ONG : «Vous avez décidé de rester muets.»

«Pas la moindre intervention individuelle dans les médias ou demande collective évoquant la question des droits humains dans ce pays. Silence assourdissant de votre équipe face aux milliers de travailleurs migrants décédés sur les chantiers qataris, et aux milliers d’autres soumis au travail forcé», déplore Amnesty, qui souligne à l’inverse que «les sponsors de l’équipe danoise ont décidé de supprimer leurs logos des maillots d’entraînement des joueurs pour les remplacer par un message favorable au respect des droits humains au Qatar».

Par ailleurs, Amnesty affirme que, selon un sondage, 70 % des Français demandent la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes au Qatar et rappelle sa proposition faite en mai de le faire financer à hauteur de 440 millions de dollars par la Fifa, l’instance dirigeante du football mondial.

La question des droits des travailleurs migrants au Qatar est régulièrement posée par des ONG depuis l’attribution de la Coupe du monde 2022 au riche Etat gazier du Golfe, en 2010.

Le chiffre de 6 500 morts sur les chantiers du Mondial avancé par le quotidien britannique The Guardian, est farouchement démenti par les autorités qataries et est sujet à caution.

En 2021, un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui a un bureau à Doha, a conclu que la totalité des accidents du travail survenus pendant l’année 2020 au Qatar avait tué 50 travailleurs et en avaient blessés gravement 500 autres. L’OIT note cependant des lacunes dans le système d’enquête et de recensement des décès, et admet que leur nombre pourrait être plus élevé.

Mise à jour à 17h15 avec la réaction de la FFF et communiqué d’Amnesty dans la foulée.