L’histoire des équipes nationales de foot obéit parfois à des cycles qui défient l’entendement. Ainsi, l’Argentine, finaliste de la première Coupe du monde en 1930, dut patienter près d’un demi-siècle pour briller de nouveau dans un tournoi planétaire. En 1978, l’Albiceleste met fin à la disette en remportant son Mondial à domicile, téléguidée par la junte ignominieuse de Jorge Videla, grâce à Mario Kempès, funambule dégingandé touché par la grâce.
Huit ans plus tard au Mexique, c’est Diego Armando Maradona, dieu céleste et diable des surfaces, qui survole l’épreuve et permet aux Argentins de coudre une deuxième étoile sur leur paletot ciel et blanc. Ces deux-là gardent une place de choix dans l’imaginaire collectif du pays. «Ici, on ne sait pas apprécier le génie d’un joueur s’il ne gagne rien avec la sélection. C’est le syndrome argentin : une attraction fusionnelle, viscérale avec notre nation, excessive et violente. Ce lien charnel avec la terre qui nous a vus naître vire parfois au nationalisme maudit», rapporte Fabian Casas, écrivain et scénariste.
Gamin surdoué