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Coupe du monde 2022 : Achraf Hakimi, royal latéral du Maroc

Coupe du monde 2022 au Qatardossier
Le joueur marocain, passé par le Real Madrid et ami de Mbappé, avec qui il évolue à Paris, affronte ce samedi le Portugal pour un ticket inédit vers les demi-finales.
Le défenseur marocain Achraf Hakimi, lors d'une séance d'entraînement à Doha, le 3 décembre. (Karim Jaafar/AFP)
publié le 10 décembre 2022 à 8h49

L’éclatant parcours de l’équipe nationale du Maroc au Qatar aura permis à nombre de ses 16 binationaux (sur 26 joueurs retenus) de croiser la route de leur pays de naissance. Canada, Belgique, Espagne sont passés à la trappe ; en attendant, qui sait, une possible demi-finale et de nouvelles retrouvailles contre la France puis un éventuel raout ultime contre l’Argentine, dimanche 18 décembre. Comme deux autres de ses coéquipiers nés en Espagne, Achraf Hakimi s’est chargé d’expédier par le fond une Roja trop suffisante, mardi, en huitièmes de finale.

Le latéral du Paris-Saint-Germain (PSG), 24 ans, a grandi à Getafe, dans la périphérie madrilène. Ses parents, originaires de Oued Zem et de Ksar Al-Kébir, proche de Tanger, sont arrivés en Espagne à la fin des années 80. Sa mère, Fatima, travaille comme femme de ménage tandis qu’Hassan, son paternel, s’échine sur le marché de Majadahonda, dans la banlieue de la capitale. Le futur grand pote de Mbappé façonne sa technique près du domicile familial dans le barrio de Las Margaritas avant que des recruteurs du Real Madrid ne viennent l’enrôler en 2006. Il vient d’avoir 8 ans.

«Se remettre en cause»

Il y fera toute sa formation dans la Maison blanche. Après avoir débuté comme attaquant puis ailier, ses éducateurs voient dans ses qualités de contre-attaquant le prototype parfait du latéral droit moderne. Zidane le fait débuter chez les Merengues en 2016 mais il ne s’éternisera pas dans le club de sa ville. Comme au PSG, les jeunes ne sont guère prophètes chez eux à Madrid. Prêté deux saisons à Dortmund, il rebondit à l’Inter Milan avant d’être débauché par Paris. «Quitter l’Espagne lui a fait du bien. Il a dû se remettre en cause. Il a joué dans des clubs et des championnats exigeants. Il a amélioré son bagage et comme physiquement, c’est un monstre, il est devenu un des meilleurs au monde», résume Vahid Halilhodzic, son ancien sélectionneur chez les Lions de l’Atlas.

Dès ses 14 ans, le Maroc essaie de faire débuter Hakimi en sélection de jeunes. Il commencera directement avec l’équipe A en octobre 2016 alors qu’il n’a que 17 ans. La Direction technique espagnole avait bien essayé de le faire opter pour ses couleurs. En vain. «Ma culture est marocaine. A la maison, on parlait marocain. Je regardais les matchs de la sélection avec mon père qui m’a beaucoup parlé des grands joueurs du pays. J’y ai été super bien accueilli et je m’y sens bien», disait-il à El Pais, il y a quelques années. Mardi, après avoir inscrit le tir au but vainqueur contre l’Espagne, il s’est fendu d’une célébration où il imitait un pingouin. Référence à Kylian Mbappé, qui disait à son propos juste avant le Mondial : «Moi qui le connais plus intimement, il est revenu cette année avec d’autres intentions, une exigence du quotidien.»

«Penser plus vite»

Comme son idole, l’ancien arrière gauche brésilien du Real, Marcelo, Achraf Hakimi prend beaucoup de place au sein de l’équipe du Maroc qui jouera pour l’histoire en ce samedi après-midi. L’équipe de Walid Regragui tentera de faire mieux que le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) pour devenir la première équipe africaine à atteindre le dernier carré. «Cette génération marocaine qui vient de partout est comme investie d’une mission. Elle joue pour tout un pays, la diaspora, une région et même tout un continent», observe Hervé Renard, sélectionneur du Maroc entre 2016 et 2019. Gamin, l’international marocain revenait jouer au quartier alors qu’il évoluait au Real. «La rue te donne l’intelligence et une petite étincelle pour penser plus vite, être le plus malin, disait-il à Marca, l’an dernier. Grâce à Dieu, j’ai reçu un don puis j’ai su saisir ma chance. Je suis un privilégié, un garçon heureux qui vit le rêve de tous les enfants. Quand je joue, j’essaie d’être comme quand je m’éclatais au quartier.» Ce samedi, il s’agira aussi de penser plus vite et d’être plus malin que le Portugal. Le prix à payer pour atteindre les cimes du football mondial.