Et au dernier moment, le Qatar dit non à la bière alcoolisée en tribunes. Les autorités du pays organisateur du Mondial viennent d’annoncer leur décision d’autoriser uniquement les boissons sans alcool à l’intérieur et aux abords des stades qui accueilleront les matchs de la Coupe du monde durant tout le mois de la compétition. La décision concernant la vente de bière a été confirmée ce vendredi matin au New York Times par un responsable de l’organisation de l’événement, qui a précisé que le Qatar préparait dans la matinée son annonce officielle. A deux jours du début du tournoi. Exit donc les tentes rouges de la marque américaine de bière Budweiser, déjà réinstallées loin des stades et à l’écart de la foule il y a quelques jours. Elles seront remplacées très probablement par des barnums blancs, sans trace d’alcool.
Ce n’est pas qu’une histoire de malt et de houblon, mais aussi d’oseille. Car cette volte-face de dernière minute du Qatar menace l’accord de sponsoring conclu entre Budweiser et la Fifa. La marque américaine a versé 75 millions de dollars à l’instance dirigeante du football pour être le sponsor officiel du tournoi. A quarante-huit heures du match d’ouverture du tournoi, la marque va devoir remplacer ses stocks de bouteilles par des produits sans alcool et ranger sa myriade de frigos rouges déjà installés dans les huit enceintes sportives du pays retenues pour le Mondial.
Pour la Fifa, ce revirement sonne comme une claque. Les milliers d’exemplaires du guide officiel de l’organisation, désormais obsolète, sonnent comme autant de désaveux. Le document indique que «les détenteurs de billets auront accès aux produits Budweiser, Budweiser Zero et Coca-Cola dans le périmètre du stade» pendant au moins trois heures avant les matchs et pendant une heure après le coup de sifflet final. Ou pas.
Les drogues également interdites
Côté organisation, on s’attend à des questions de la part des milliers de supporters assoiffés, avides de bière fraîche. On se souvient de la drôle de surprise qu’ont eue de nombreux supporters étrangers lors de l’Euro 2016 en France, s’attendant à trouver leur boisson alcoolisée favorite dans les travées. Loi Evin oblige, au Stade de France ou ailleurs, la bière, vendue 6,50 euros le demi, contenait seulement 0,5 % d’alcool. On se souvient aussi, à l’inverse, que la bière coulait à flots lors du Mondial au Brésil, en 2014, alors qu’une loi de 2003 y interdit pourtant toute vente d’alcool au stade. Mais la Fifa et Budweiser, déjà, avaient alors réussi à tordre le bras aux autorités.
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Depuis 2010 et l’obtention de la Coupe du monde, le Qatar est aux prises avec la question de l’alcool. Dans ce pays musulman rigoriste, sa vente y est strictement contrôlée au quotidien. Avant la tenue de la compétition, la plupart des visiteurs n’étaient autorisés à acheter de la bière et d’autres boissons alcoolisées que dans les bars des hôtels haut de gamme, à des prix très élevés. Et bien sûr, les drogues sont également proscrites. «Attendez-vous à une sanction sévère (prison, amende, expulsion) pour la possession même de quantités réduites», a récemment précisé l’ambassade du Royaume-Uni à l’adresse de ses ressortissants qui se rendraient à la Coupe du monde. Quant à celle des Etats-Unis, elle recommande aux supporters en vadrouille au Qatar de voyager avec son ordonnance et de bien vérifier la légalité de ses traitements médicaux. Par ailleurs, les services de l’ambassade américaine conseillent de ne pas importer de viande de porc ou encore d’éviter de venir avec son sex-toy à Doha.