Non-sens écologique, le Mondial au Qatar n’est-il finalement qu’un avant-goût du désastre environnemental que pourrait laisser augurer son successeur nord-américain ? La Coupe du monde 2026, éclatée entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, risque, elle aussi, de présenter un bilan carbone calamiteux.
«Les infrastructures que nous avons déjà en place en sont la base. L’Amérique du Nord abrite les stades les plus grands, les plus écologiques et les plus technologiquement avancés du monde», se vantaient les Etats-Unis au moment de la candidature. Le trio, boudé en 2010 au profit du concurrent qatari, a été préféré au Maroc, «un pays à taille humaine, une heure de vol séparant les stades les plus éloignés, […] et disposant d’une excellente connectivité autoroutière et aéroportuaire», se défendait à l’époque Moulay Hafid Elalamy, président du comité de candidature et ministre de l’industrie du Maroc.
«Plus de 4 000 km en avion»
Le 17 juin, la Fifa a listé les 16 villes hôtes retenues par l’instance. Soit huit stades de plus que pour cette édition 2022. Certains trajets, comme Toronto-Guadalajara ou Vancouver-Mexico, représentent plus de 4 000 kilomètres en avion. Sachant que le nombre de nations participantes pour l’édition à venir est passé de 32 à 48 et que 80 matchs sont au programme, au lieu de 64 au Qatar, doit-on se préparer à un bilan carbone désastreux ?
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D’autant que seize délégations supplémentaires, pour peu qu’elles comprennent une cinquantaine de personnes chacune (staff, médecins, cuisiniers, sécurité, intendance) – comme ce fut le cas de la France en 2018 – sans oublier les centaines de supporteurs qui seront du voyage pour soutenir les leurs, cela fait du monde à loger, à nourrir et à transporter, par conséquent toujours plus d’émissions de CO2.
«Parcourir des distances folles»
Gianni Infantino avait anticipé certaines remarques, notamment celles concernant les mobilités. Le patron de la Fifa a promis une réflexion sur le sujet. «Dans une région aussi vaste que l’Amérique du Nord, nous devons nous en préoccuper, pour veiller à ce que les équipes jouent dans des “clusters”, où les supporteurs n’ont pas à parcourir des distances folles, tout comme les équipes», a assuré le dirigeant suisse. Sans donner plus de garanties.
Après cette controverse née du Qatar, peut-on espérer des Mondiaux de foot plus verts à l’avenir ? Pas sûr : la semaine dernière, l’Egypte a inventé la candidature tricontinentale. Selon plusieurs médias locaux, le pays est en consultations avec la Grèce et l’Arabie saoudite pour présenter un projet commun en vue de l’organisation du Mondial 2030.