A Lusail, l’Albiceleste est comme dans son jardin. Après une mauvaise récolte pour son entrée en lice dans le plus grand stade du Qatar (défaite 2-1 contre l’Arabie Saoudite), les hommes de Scaloni n’y ont connu que des succès. C’est ici qu’ils ont battu un Mexique qui avait ramené son bus sur la pelouse pour leur deuxième match des poules. C’est ici, aussi, qu’ils sont venus à bout des Néerlandais dans une rencontre ultra hachée en quarts de finale. C’est ici, enfin, qu’ils ont écrasé la Croatie (3-0) ce mardi soir, se qualifiant pour la finale de la Coupe du monde. Lionel Messi n’est plus qu’à un match du sacre ultime qui viendrait couronner une carrière où il a déjà tout gagné. Un match qu’il jouera à Lusail, encore et toujours.
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De bout en bout, la rencontre aura été conforme à ce qu’on aurait pu prédire. D’un côté, des Croates en bleu marine qui se gardent le ballon, le faisant tourner au milieu de terrain avec la délicatesse d’un horloger. De l’autre des Argentins en bleu ciel et blanc, qui regardent sans paniquer Modric, Kovacic et Brozovic dans leurs œuvres, satisfaits de ne pas avoir, enfin, à faire le jeu, attendant la moindre erreur pour les prendre à revers.
Tout droit
La faute des marines arrivera peu après la demi-heure de jeu. Julian Alvarez reçoit un long ballon dans la course entre deux défenseurs, pousse la balle avant de venir s’empaler sur Dominik Livakovic, le gardien croate, qui a foiré sa sortie : penalty pour l’Argentine, le quatrième depuis le début du tournoi. Messi se charge de le transformer d’une praline envoyée côté droit. 1-0.
Touchés, les Vatreni bégayent leur football et s’en prennent un deuxième cinq minutes plus tard. Sur un corner joué à deux et perdu aussi vite qu’il a été tiré, la Croatie se fait prendre à revers. Par Messi d’abord, qui lâche ensuite la balle à Alvarez dans le rond central. Le numéro 9 argentin remonte 40 mètres tout seul. Une option à droite s’offre à lui, une autre à gauche, mais l’attaquant privilégie le tout droit. Le cuir rebondit par deux fois sur des Croates et revient à chaque fois dans les pieds d’Alvarez qui tire, une fois encore, tout droit. Les Argentins sont même à une manchette de Livakovic près de tripler la mise sur corner avant la pause. 2-0 aux citrons.
Puis en retrait
Au retour des vestiaires, le schéma de jeu se répète et s’amplifie. Remaniée d’un tiers, la Croatie joue plus haut et garde toujours le ballon. L’Argentine mise, elle, plus que jamais sur les contres. La rencontre semble pouvoir basculer d’un côté comme de l’autre. Et une fois encore, les Croates, trop naïfs ou trop mous, c’est selon, se font prendre dans leur dos. Messi se retrouve en un contre un face à Gvardiol.
La Pulga offre un cours de tango au géant masqué le long de la ligne de touche puis sert Alvarez en retrait dans la surface qui n’a plus qu’à la pousser au fond. 3-0, l’Albiceleste tient sa finale. La deuxième de Messi en Coupe du monde après celle perdue en 2014 après prolongations contre l’Allemagne au Maracanã. Reste à voir si, cette fois-ci, l’équipe de Scaloni réussira à «ganar la tercera» (gagner la troisième), comme le chantent à n’en plus finir les fans argentins depuis trois semaines dans les rues de Doha. Ou si, à jamais, il restera un trou dans son armoire à trophée.