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Libération
La vie en bleu

Coupe du monde : le Giroud de la fortune pour les Bleus face à l’Australie

Coupe du monde 2022 au Qatardossier
Face à des Australiens vaillants mais limités, l’équipe de France a fait le boulot et parfaitement lancé son Mondial en s’imposant 4-1. Auteur d’un doublé, Olivier Giroud en profite pour devenir corecordman du nombre de buts en Bleus. Lucas Hernandez est sorti sur blessure.
Olivier Giroud (n°9) célèbre son 2e but, son 51e en bleu, qui lui permet de devenir co-meilleur marqueur de l'équipe de France avec Thierry Henry. (Anne-Christine Poujoulat /AFP)
publié le 22 novembre 2022 à 22h00

Alors qu’ils avaient sué sang et eau voilà quatre ans à Kazan pour battre la sélection australienne (2-1) en ouverture du Mondial russe, des Bleus complètement réformés - dont le sélectionneur Didier Deschamps a pour la toute première fois pris le risque d’aligner quatre attaquants (même si Antoine Griezmann a joué au milieu) dans un match de cette importance - ont survolé la partie contre les mêmes (4-1) mardi au stade Al-Janoub de Doha. On s’est longtemps demandé ce que Kylian Mbappé & co, qui restaient sur une victoire en six matchs, comptaient mettre dans la partie en termes d’intensité et d’investissement. La vérité est qu’ils ont décroché les Australiens au train. Et que c’est Adrien Rabiot qui leur a permis de revenir dans le match, signe d’un formidable caractère qu’on lui a pourtant longtemps nié.

Raphaël Varane sur le banc, Dayot Upamecano (24 ans) et Ibrahima Konaté (23) étaient associés en défense centrale comme au bon vieux temps du RD Leipzig : place aux jeunes, à la sève, ceux qui courent – et il n’est pas interdit de penser que le foot est un sport où il faut courir, 11 kilomètres par match environ (en données corrigées par la température, l’humidité, etc.) à ce niveau. Et où il faut tenir debout. Le genou droit de Lucas Hernandez a lâché alors qu’il était au duel sur son côté gauche avec Mathew Leckie, l’attaquant du Melbourne FC a alors une éternité pour ajuster un centre rasant et Craig Godwin coupe au second poteau, mettant les Socceroos aux commandes sans coup férir (0-1, 9e). L’aîné des Hernandez laisse la place à son frère Théo. So bad.

Citrons

Car les Bleus ont fait un début de match épouvantable. Battus dans les duels, déconnectés devant où Kylian Mbappé a vite entrepris de faire la différence seul, imprécis dans les transmissions avec Antoine Griezmann et Adrien Rabiot en tête pour les ballons égarés. Mais comme le jeu est bonne fille et qu’il y a toujours une autre bataille à gagner quelque part, les Bleus vont remporter celle des airs. Et Rabiot de s’envoler comme un aigle sur un centre de Théo Hernandez (le rentrant) pour remettre les tricolores à hauteur (1-1, 27e).

Subitement à son affaire, Rabiot va faire du Pogba : impact à 30 mètres du but australien, récupération, course avec ballon, centre en retrait et Olivier Giroud qui glisse le ballon dans le but vide (2-1, 32e). Un poteau australien plus tard, qui tend tout de même à indiquer que l’équipe de France est sur un fil, et l’arbitre renvoie tout le monde aux vestiaires : 2-1 aux citrons. Le résultat n’était pas bien ou rassurant (les Australiens sont à leurs aises), il n’était pas mauvais non plus (le festival Rabiot, le côté gauche, le dynamisme par période) : on s’est surpris à ne pas en penser grand-chose.

Cerveau

Et à espérer que la seconde période donne un sens à cette partie étrange, traversée par d’étranges plages de silence transformant le stade en confessionnal : on s’entendait chuchoter. En deuxième période, les Socceroos ont continué à sortir leur botte secrète, le truc qu’ils avaient boutiqué dans la salle des cartes en préparant la rencontre face aux champions du monde en titre, les longs changements de jeu, ceux-là mêmes qui avaient mis les Bleus à la torture au Danemark (0-2) en septembre. Des tribunes : un régal, presque un atelier d’entraînement (ils n’ont fait que ça) où deux mecs s’envoient de longs ballons à soixante mètres l’un de l’autre un dimanche matin ensoleillé, alors que l’arrosage automatique fonctionne à l’autre bout du terrain. Quant à la rencontre, elle est alors terminée : les Bleus l’ont mise sous cloche. Et Mbappé est parti cueillir un centre d’Ousmane Dembélé de la tête – une évolution récente chez l’attaquant parisien, longtemps rétif pour prévenir les éventuelles séquelles au cerveau une fois sa carrière achevée – pour donner de l’air et le match à la sélection française (3-1, 68e).

Giroud est enfin parti ramasser un centre de Mbappé tout pareil (4-1, 71e) et hop ! Voilà égalé le record de buts de Thierry Henry en bleu, 51. S’ils avaient éprouvé le besoin d’accélérer, les Tricolores avaient le pouvoir d’embringuer les Australiens sur un score de tennis. Ils n’en firent rien. Tenus en échec par la sélection tunisienne, les Danois seront au menu samedi.