Moulay Driss, installateur de compteurs d’eau, cause avec son client, qui emménage tout juste dans l’Aisne. Ce dernier lui parle de son fils, dix ans, bon tripoteur de ballon, qui cherche une équipe où atterrir. Sans rire ? Le technicien est aussi dirigeant de l’un des trois clubs de foot locaux, l’Internationale soissonnaise (IS). Il le convainc. Le premier entraînement du minot est exquis. Vincent Rondeaux, éducateur, s’en souvient encore : «Il me serre la main pour me dire bonjour et je sais déjà qu’il est différent, à l’attitude, au regard…»
Cinq minutes suffisent à comprendre que le nouveau est une pépite. Les mois s’écoulent et le bruit court dans les environs que l’IS a dégoté une version junior de N’Golo Kanté, champion du monde au gabarit miniature. Trois saisons plus tard, en 2019, Lille, ogre de Ligue 1, lui met la main dessus : il ira bientôt en centre de formation. A quoi ça tient ? Le bonhomme des compteurs aurait pu filer et la discussion avec le père du surdoué ne jamais avoir lieu - il était sacrément en retard à cause d’un train. Mais le premier a décidé d’attendre. Au vrai, l’Internationale a toujours attiré la baraka.
Il y a sept ans, on l’avait laissée ric-rac, contrainte d’organiser une cagnotte en ligne : 8 000 euros, sous peine de ne pas pouvoir rembourser des dettes et de ne pas reprendre le championnat. Leur subvention municipale était famélique, le Soissons FC, le grand club local, aimantant tous les sous. A l’époque, Lyes Aït Khelifa et Julie